Nouveau look pour une nouvelle vie

Même moi qui n’ai jamais eu la téloche (sortez les violons), je connais l’émission « Nouveau look pour une nouvelle vie ». Tu sais, ce truc sur M6 où une nana à l’accent improbable prend un gonze hideux et en trois coups de ciseaux et 4 boutiques te le transforme en Brad Pitt. Ben cette semaine, c’est mon V-Strom qui y a eu droit. Un sacré défi de le rendre beau, je sais. Et faute de Christina, j’avais Aurélien, beaucoup moins exubérant mais vachement plus balèze qu’elle en accessoires moto.

Quand mon pote m’a dit « je vais te présenter le DG France de SW-Motech, tu vas voir, vous devriez pouvoir vous taper un bon délire », je t’avoue que j’étais un peu stressé. J’allais rencontrer le patron d’une grande marque et tout quand même. Je sais pas pourquoi mais je l’imaginais comme un mix entre Steve Jobs et Don Corleone. Le tout relevé d’un fort accent allemand. Et là, je vois arriver un p’tit mec guère plus vieux que moi, le sourire même pas carnassier et qui se présente sur un ton timidou : « Salut, moi c’est Aurélien ». Ah ouais. On a le même âge et chuis prof dans le 93, alors que toi t’as déjà droit à ta GS. Putain, j’ai du rater un truc dans mon orientation post bac…

Il revenait du Paris-Dunkerque, des étoiles pleins les yeux et de la boue encore collée sur ses valises. Jeune, passionné, amateur de trails, autant te dire qu’on a vite été sur la même longueur d’ondes. Et en posant les yeux sur mon enclume qui attendait là sagement il me fait : « il est cool ton V-Strom, y’a moyen de bien l’équiper ». Alors j’ai sorti le grand jeu. Genre je lui ai dit que comme essayeur je serais quand même plus stylé que ce has been de Lolo Cochet avec ses petites vidéos au Cap Nord que personne ne regarde. Nan j’déconne, j’ai beaucoup trop de respect envers les vieux pour dire ça (et accessoirement pour le talent). Bref, un passage au show-room dans le 15ème, quelques calculs alambiqués entre ce qui relève de la dotation d’essai et ce qui relève du prix très amical (à y être, j’ai fait des folies), deux clics magiques et voilà qu’arrive à mon appart un énoooorme carton. Mamamia.

Parce qu’en mec consciencieux, je voulais voir si tous ces bidules étaient montables par un type (ou une nana) pas trop dégourdi(e). Je me suis dit qu’avec mes deux mains gauches, mon parkinson et mes pouces pas opposables, j’étais le nullos idéal. Sauf qu’ils ont tout prévu chez SW : leurs notices de montage, on dirait du Ikea (ça rassure). En même temps, heureusement qu’il y a des dessins parce que c’est écrit en boche ou en angliche. Et moi mon truc c’est plus l’histoire que les langues tu vois. Donc, si j’y suis arrivé, je peux t’assurer qu’un analphabète devrait pouvoir aussi. En même temps, chuis un tueur au Pictionary. Me voilà donc parti pour un « essai montage », mes trois outils et ma lampe torche (oui, ma moto loge dans un second sous-sol glauque) dans la main droite, mon courage et la chance du débutant dans la gauche.

La sacoche électrique

Niveau requis : savoir compter jusqu’à quatre (4 vis)

Temps : 5 min (pas besoin de démonter le réservoir pour faire passer le fil électrique)

Outils : Clef Allen, un cruciforme (pour les vis de batterie)

Attention : si comme moi t’es un feignant qui se branche direct sur la batterie, pense à ne pas laisser ton portable ou ton GPS connecté toute la nuit moteur arrêté, le jus passe toujours. Et le lendemain tu pousses…

Les pare-mains

Niveau requis : Lego premier âge. Voire Duplo.

Temps : 10 min (enfin, une récréation moins un café exactement, donc 7 ou 8 minutes plutôt)

Outils : Clef Allen, Cruciforme, Clef plate (ou boite à douilles)

Les crash-bars

Niveau requis : Si tu es un gros nul, c’est ton heure de gloire

Temps : 10 min

Outil : Clefs Allen

Un vrai plaisir à monter. Similaires aux Suzu d’origine (c’est eux qui les fabriquent aussi en fait), elles sont moins couvrantes que les Givi que j’avais mais – du coup – plus esthétiques et plus pratiques à installer (pas de boulon « gênant»).

Le sabot-moteur

Niveau requis : Pas de cerveau mais des gros biscoteaux pour desserrer les vis grippées de mon vieux V-Strom

Temps : 30 min (après la vis dégrippée, mais toi t’as peut-être pas un tromblon comme moi).

Outils : Clef Allen, boite à douilles (ou énorme clef à pipe si grippage)

En toute subjectivité, pièce sublime. Le sabot bien sûr, Aurélien, j’me prononce pas.

La béquille centrale

Niveau requis : souplesse et zénitude (tu dois te tortiller sous la bécane)

Temps : 30 min (plus facile avec une béquille d’atelier)

Outils : Clef Allen, Boite à douille.

Bon à savoir: côté échappement, il te faut une clef Allen de 6 supra longue pour atteindre la vis (perso j’ai fait un « montage » avec ma fameuse boite à douilles qui fait tout).

Et attention : C’est pas clair sur le dessin de la notice mais le petit ressort doit être glissé dans le gros ressort. Si tu l’oublies t’es bon pour tout démonter et recommencer. Comment ça, ça sent le vécu ?

Les portes-valises

Niveau requis : connaître comment on démonte ces foutus clignos arrière (le reste, c’est fastoche)

Temps : 30 min (+ 3 jours pour apprendre comment démonter mes clignos)

Outils : Clef Allen, boîte à douilles et perceuse si t’as besoin de dériveter ta plaque d’immatriculation.

Pour les clignos : pince coupante, cruciforme, clef plate (la rallonge de fil et les sucres sont fournis).

Et tu sais quoi ? Ça rend tout chose de bricoler ses trucs comme un grand (enfin, Aurélien m’a un peu – beaucoup – aidé quand même hein, je reste une vraie quiche). Donc maintenant, je vais pouvoir essayer tout ça. Et ça tombe bien puisque je pars après-demain pour mes deux mois de vacances sudistes (naque-naque-nère) et qu’il va me falloir embarquer toute ma vie sur ma moto. Je sens que mon p’tit moteur va plafonner à 80km/h en montée avec tout le barda que je vais pouvoir y entasser dessus…

Mais ce n’est pas grave, ce qui compte c’est qu’il ait un look baroudeur de la mort qui tue mon V-Strom, histoire de faire mon kéké à la Grande-Motte. Et là, pour la première fois depuis que je l’ai, j’ai envie de dire que ma bécane est vraiment « Mag-ni-faïque ! »

Un immense merci à Gatou, motarde, photographe attitrée de viedemotard.fr et – accessoirement – belle-soeur.