Sport de danseuse ? Mais je ne vous permets pas monsieur le misogyne. Certes, nos tenues de trial, aussi moulantes que flashy, ne sont pas forcément aussi viriles que les plastrons des crosseux ou les combardes des pistards. D’accord, en trial, un 300 cm3, c’est un gros moteur de malade qui arrache tout. N’empêche que le trial ça te ferait pas de mal d’en faire un peu. Et je vais te dire pourquoi. Allez, enfile ton futal fluo le plus seyant et suis moi.

Pour commencer, le trial c’est une école de pilotage fondamentale. A mon humble avis, faire de la moto tout-terrain sans avoir fait de trial c’est comme quand bébé t’essayes de courir avant de savoir marcher : ça va se terminer le cul dans le gravier. Tu vois quand tu ouvres les gaz et que tu débranches ton cerveau ? Et bien le trial, c’est tout le contraire. Dans toutes les autres disciplines, la technique est au service de la performance. En trial, c’est la technique qui est la performance. Après avoir franchi plusieurs fois la zone en marchant pour bien visualiser ta trajectoire, tu vas placer ta roue exactement où tu l’avais décidé (enfin, théoriquement en tout cas), tenir en équilibre sur une arrête de rocher, escalader une marche, faire un demi-tour dans un mouchoir de poche et tout ça sans poser le pied. C’est un sport de cérébral, de perfectionniste. Si la moto était un art martial, le trial ce serait le yoga.

Du coup, ça devient toute une philosophie, je dirais même une école de vie. Tu y apprends l’humilité, le même geste répété cent fois. A 10 ans, m’étant très rapidement rendu compte que j’étais beaucoup trop froussard pour aller jouer des coudes sur les grilles de départ des terrains de cross, je quittais mon 80 PW pour un vieux 50 TY. Et c’est à son guidon rouillé que j’ai pu recevoir l’enseignement de cet art digne des plus grands moines shaolin. Mon père, aussi pédagogue que maître Yoda, résuma tout l’apprentissage du trial en ce haïku : « Si cette palette à franchir tu arrives, tout ce que tu veux tu grimperas ». Pendant plusieurs mois je me suis donc évertué à escalader cette foutue planche de 20 cm. A l’âge où tu veux que tout aille vite, j’ai appris la patience.

Sauf qu’un jour ça y est, tu réussis à doser ton accélération et ton embrayage, à poser ta roue avant au bon endroit et tout le reste de la moto suit. Tu te sens léger, capable de voler. Après, tu passes très vite à deux palettes, puis trois, puis ce bloc de pierre, puis des marches toujours plus hautes. La technique reste la même : rigueur et concentration. Et comme la recette d’un bon mojito, ça ne s’oublie pas. Un trottoir, un terre-plein, quelques marches d’escalier à descendre, rien n’arrête mon V-Strom (tant que je ne voile pas complètement ses roues). Bon, je reconnais qu’avec le GSX-F, j’étais beaucoup plus timoré en terme d’acrobatie urbaine. Il faut un minimum de garde au sol quand même, ne vas pas bousiller ta R1 en faisant le zouave dans le caniveau…

Mon dernier argument pour te faire franchir le pas de la tenue disco, c’est la sagesse du grand maître Pôrth-Monhé. Si les bécanes récentes sont hors de prix, tu peux trouver de la vieille pas encore assez décatie pour être classée collec’ à des tarifs plus qu’honnêtes. En terme d’assurance et de consommables, à l’année ça te coûtera le prix d’un bon resto. Il suffit donc d’amener monsieur ou madame pique-niquer plutôt qu’au Fouquet’s et tu rentres largement dans tes frais.

Enfin, pas besoin de vastes territoires sauvages ni de circuits fermés. Comme je te disais, un bout de palette dans ton jardin, ça va déjà t’occuper trois mois. Et le voisin ne se plaindra même pas puisque c’est silencieux comme tout ce genre de meule.

Bref, c’est parfait pour toi le routard qui veut se mettre au vert sans se faire peur ou se ruiner. En plus, l’avantage des vieilles (motos bien sur), c’est qu’elles ont encore un semblant de selle histoire de pouvoir se reposer les guiboles quand tu pars balader. Oui parce qu’en plus, tu peux faire de la promenade pépère avec, c’est homologué comme engin. Mais à ce moment là, si t’es riche, fais toi plaisir, prends toi un de ces nouveaux trucs mixtes : moteur de trial, partie-cycle d’enduro (genre la KTM Freeride). Et vu que t’es sympa, tu m’invites chez toi pour me la faire essayer.

Quentin, alias Cigalou, c'est une barbe un peu trop crade, un goût surement trop prononcé pour le rose, une gueule souvent trop grande et une passion immense pour tout ce qui touche à la bécane. Sur Vie de Motard, avec sa bande de potes, il réalise son rêve : secouer la planète moto en faisant le zouave ! Parfois trop. Ou pas.
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7 Commentaires

  1. MarineMat15 :

    Ah bah c’est malin de nous faire baver comme ça devant un truc qui a l’air génial…
    Et comment on fait quand on a pas de jardin mais un appartement au 2 étage dans Paris ? Ni de garage pour stocker une 2ème moto et déjà du mal à trouver une place pour en garer une dans la rue ?
    C’est toi qui vas m’inviter chez toi pour essayer plutôt ! 😉

  2. Cyril :

    Il y a le 78 aussi tu dois avoir « moneret » c’est un ancien coureur moto qui a creer un terrain plutot mixte sur base de moto école…
    Et sinon t’achete un pack de kro, et on t’embarque a 25 min de paris 🙂

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