La XSR 900 est repartie hier chez SW-Motech. Parce que vous avez été plusieurs à me le demander, voici mon modeste « retour » (pas prévu du tout, heureusement que je suis un prof en vacances) sur cette bécane avec laquelle j’aurai torché mine de rien 2000 km en une petite semaine. Avec « juste » un rallye au milieu.  

Le moteur

Le trois-cylindre, c’était LA grande découverte pour moi. 1, 2 et 4, pas de problème. Mais 3, never ! J’avais même du mal à en saisir la logique. Surtout que mon père – gardant une certaine rancœur envers les angliches en raison de douloureux tournois des 6 nations vécus comme un drame national devant sa télé – avait catalogué ces 3 pistons de « truc débile que seuls les rosbifs pouvaient inventer ». Comme les règles du rugby d’ailleurs…

Sauf que pour un amateur de moteur coupleux comme moi c’est… le kif ! En bas régime, tu as la disponibilité et la souplesse d’un bicylindre. Et quand tu montes dans les tours. Ben l’aiguille ne s’arrête pas à 9 000 quoi. Tu montes, tu montes, tu montes et tu finis par couper parce que ça fait déjà vachement peur d’être à 180 km/h. Le trois-cylindre de la 900 XSR est plein de partout et t’arrache les bras si tu essores un peu fort la poignée. Un régal de facilité et de peps à conduire.

La partie-cycle

Bon, là, il y a triche. SW-Motech ont fait les choses en grand avec des suspates EMC et un freinage Beringer. Autant vous dire que dans cette configuration, on est loin – très loin – de ce que le look vintage de la brêle pourrait laisser supposer. C’est clairement une bête de course précise et efficace qui n’a rien à voir avec les machins justes bons à parader devant les terrasses de café. Sur les boucles de nuit, je ne compte plus les fois où le Beringer m’a sauvé la mise en pilant (sans bloquer, avantage précieux de l’ABS) là où mon SV m’aurait fait découvrir de près des clôtures et autres joyeusetés bucoliques qui parsèment les abords des virages serrés.

L’ergonomie

Ah ben oui, il lui en faut bien des défauts à cette bécane ! Vous croyez quoi, ça se paye d’être aussi belle ! Si la position « scrambler » est assez séduisante au premier abord, une fois passé le périph’ et les deux première heures de route ben on commence vite à en avoir plein le derche. Littéralement j’entends. Avec sa protection limitée à un saute-vent purement décoratif et sa selle vintage aussi stylée que spartiate, y a de quoi regretter la petite bulle et le gros pouf de mon vieux SV. Mais bon, ça tu le sais déjà quand tu achètes un roadster en général. Durant le rallye ce ne fut jamais gênant car on ne dépassait pas les 2h de roulage avant une pause assistance de 20 min. Par contre, la liaison Paris – Aubenas ça donnait un peu ça quoi :

 

Autre truc un peu plus embêtant, c’est le guidon. S’il est confortable pour cruiser sur la Côte d’Azur, il nous laisse dans une position un peu « entre-deux » au moment d’attaquer. A la fois pas assez large et ni assez haut pour se la jouer style supermot’, à la fois trop large et trop haut pour déhancher comme un pilote de GP. Bon bien entendu, ça n’empêche pas un mec doué comme Adrian Parassol de Mot’&Motards de scorer aux X-Roadster avec hien. Je parle de mon simple point de vue de poireau qui essaye de rouler un peu plus vite que d’habitude dans les spéciales. J’ai eu du mal à trouver ma position sur cette moto du fait de ce guidon à l’angle ni fait ni à faire. D’ailleurs, si je ne termine que 80ème et pas dans le top 10 c’est certainement à cause de la forme du guidon n’est-ce pas ? Si si, j’te jure.    

Bilan

Ben, cette brêle, c’est une boule de nerf au look canon qui ne demande qu’à faire des bêtises. Et avec la bagagerie de hipster Legend Gear dans laquelle j’ai trimballé tout mon barda, j’ai eu des envies de voyage au States et de traverser ces immenses déserts sauvages en hurlant « Born to be wild ». La selle ? Eh tu veux qu’on en cause de la selle du mec d’Easy rider ?

 

Et même si je commence à être habitué à poser mes petites fesses sur des bécanes pas à moi, ben ça fout toujours un chouia le bourdon de les voir repartir. Et celle-là, ça m’a carrément fait un truc au cœur vu ce qu’on a vécu ensemble au Dourdou.  

Alors pour me consoler chuis remonté sur mon 650 SV (il remarche enfin au passage) qui m’a rappelé dès le premier virage qu’il n’avait pas des Beringer, que sa fourche avait un rebond de merde et  que son moteur ne rallongeait pas les bras de 5 cm à chaque coup de gaz. En gros, ma moto c’est un 125 à freins à tambours après ce 900 XSR.  

Putain le choc. Un sacré coup de vieux pour mon Black Cat ! Certes, ce n’est qu’une bouse comparé à ce qu’il se fait en 2017 et je donnerai mon compte en banque désespérément vide pour un Duke ou un MT-09 histoire de pouvoir avoiner comme une enfoiré dans les prochains rallyes. Sauf qu’il faut savoir se satisfaire de ce que l’on peut avoir plutôt que vivre avec des « si ».

Ce SV, il freine mal, il faut le ménager et le bichonner mais… c’est celui qui est dans mon garage.        

Quentin, alias Cigalou, c'est une barbe un peu trop crade, un goût surement trop prononcé pour le rose, une gueule souvent trop grande et une passion immense pour tout ce qui touche à la bécane. Sur Vie de Motard, avec sa bande de potes, il réalise son rêve : secouer la planète moto en faisant le zouave ! Parfois trop. Ou pas.
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