Le périphérique parisien, c’est un peu l’anti-thèse de l’île de Man. J’ai lu des récits de voyages à moto où les mecs qui ont fait le tour du monde t’assurent que le pire endroit sur terre pour rouler en deux-roues, c’est le périph’.

Quand je suis arrivé à Paname sur mon vieux GSX-F, je n’avais que le tour de la Provence à mon actif et autant te dire que ça a été… dépaysant. Je venais de me taper 8h d’autoroute sous la flotte et voilà qu’à la tombée de la nuit je rentre enfin dans le grand carrousel. Les quatre voies détrempées étaient blindées de bagnoles, ça klaxonnait, ça freinait brusquement. Je me mets en mode concentration à 2000%, un œil devant, un œil dans le rétro (j’ai un léger strabisme). Les scooters et les motos me dépassent dans tous les sens, je fais un arrêt d’urgence à cause d’une voiture qui se rabat d’un coup et je finis par réussir à me ranger dans la voie de gauche qui roule au pas. Ouf. Quelle aventure ! C’est pas la joie l’heure de pointe. Je lève la tête et vois un panneau lumineux avec écrit en grosses lettres jaunes : « Périphérique fluide ». What ? Et le pire, c’est que ce n’était pas une erreur…

Alors, même après quelques années de pratique, je ne vais pas me voiler la face : je reste la pire des caguettes sur le périph’. Chaque remontée de file sur la « cinquième voie » me coûte des litres de transpiration. D’ailleurs, les copains le savent maintenant : quand on rentre de balade, on se dit au revoir avant le périph’, je me chie trop dessus pour bombarder entre les bagnoles avec eux. Souvent ils me disent que je balise pour rien. Et c’est pas faux : les caisseux parigots sont habitués au manège et changent rarement de file sans cligno. Mais une petite voix me chuchote : « il suffit d’un seul con inattentif… » Du coup, je me traîne prudemment la bite, les deux doigts serrés sur le frein et les deux fesses serrées sur la selle.

Cela dit, j’ai quand même réussi à établir un record hors du commun sur le périph’. Faut dire que mon 1100 GSX-F de 88 était une moto extraordinaire. Une vraie déconneuse, toujours la panne pour rire. Grâce à elle, j’ai fait mieux que le gonze habillé en noir qui avait fait le tour du périph’ en 11 minutes dans les années 90. Si, si. Moi il m’a fallu 11 secondes seulement. 11 secondes pour le traverser en courant les 300 kg du GSX-F à bout de bras. Ah ça t’en bouche un coin hein ? L’alternateur de la bécane m’a lâché au niveau de la porte d’Italie. D’un coup, plus rien. Impossible de redémarrer. J’étais sur la voie la plus à gauche bien entendu. Et au lieu de me mettre sur le bas côté tranquillement – va savoir pourquoi – je me suis dit « je vais pousser la moto jusqu’à la sortie du périph’ ». Et hop, me voilà en train de courir entre les bagnoles qui pilaient comme des folles. Pour celui (ou celle) qui a la chance de ne pas connaître le périph’, imagine que tu traverses une autoroute en footing avec une vache sur les épaules. Alors que je commence à escalader la rampe de sortie, la dépanneuse se radine. Et le gars en sort en me pourrissant : « Eh touriste ! Vous êtes complètement taré ou quoi ? » Je ne savais pas que des caméras surveillaient la route et faisaient intervenir les secours lorsqu’un glandu dans mon genre tombait en panne. Pour l’occasion, j’ai repris mon plus bel accent chantant histoire de justifier mon ignorance des mœurs parisiennes. Ce qui n’a pas dû arranger l’image des Marseillais à Paris, désolé les copaingues…

Le soir, rentré à l’appart, j’ai raconté cette aventure à ma copine qui n’en revenait pas. C’est seulement à ce moment là que j’ai réalisé que j’avais traversé le périph’ en poussant ma moto. Et que j’aurais pu mourir 20 fois. Et d’un coup… chuis tombé dans les vapes.

Ouais, je sais, une vraie chochotte. Tu t’étonnes après que je me traîne sur ce foutu périph’…

10 Commentaires

  1. C’est dans les situations d’urgences que le cerveau débranche toutes les alertes: c’est sans doute grâce à ce phénomène étrange… et salutaire, que tu as attendu d’être au fond de ton canapé pour tourné de l’œil! Imagines la scène: un gars observe ses écrans de contrôle anti-marseillais-en-panne, tombe sur un barbu qui s’traine sa vach… euh sa moto, j’veux dire, pour traverser le periph’ et subitement… s’écroule au sol!…
    I’ sont toqués ces sudistes!!!

  2. Pour avoir fait un retour de balade avec notre barbu préféréje confirme le periph´ c’est pas son truc. En 6km j’ai eu le temps de les perdre lui et sa gonzesse (qui devait certainement taper très fort sur le casque pour qu’il ralentisse)… Tout un art le périph !

  3. Pour l’avoir fait en voiture plus d’une fois quand j’étais en RP ca craint alors a moto je crois que ce serait très compliqué pour moi (je testerais peut être), mais un grand malade de faire ca tu as eu bcp de chance.

  4. Oui le périphérique Parisien est chaud j’ai passé mon permis moto à 43 ans alors que j’ai mon permis voiture depuis 1984. J’y ai fait mon apprentissage avec mon 650 svs et un 1300 fjr. Depuis peu je pratique le périphérique Toulousain et bien c’est moins cool que Paris. Les caisseux Toulousains sont ignorant des becanes. En quelques semaines trois stop d’urgence alors qu’en 7 ans un seul sur Paname.
    Prenez soin de vous sur la route.

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