Il y a un p’tit truc qu’on oublie de nous dire quand on passe le permis moto : c’est qu’une bécane, ça n’a pas de coffre. Alors, forcément, on peut monter un top case et des valoches histoire de pouvoir emporter un peu plus qu’un antivol avec nous, mais n’empêche qu’on a du mal à concurrencer ne serait-ce qu’une Smart niveau volume. Parce qu’en plus, t’as beau avoir les valises XXL de 40 litres comme j’avais, niveau poids réel, quand tu en mets 15 dans chacune, tu commences déjà à jouer avec le feu… Du coup, très rapidement, le jeune motard va devoir s’initier à l’ancestral « art du compactage ». A l’image du cow-boy solitaire arpentant le grand Ouest avec deux sacoches, une gourde et une couverture en travers de la selle, le motard – comme Lucky Luke – sait se contenter de peu. Enfin, il apprend plutôt à se contenter de peu.
Je me souviens de notre premier road trip avec ma copine. Au guidon de notre valeureux Freewind, nous sommes partis en weekend dans le Vercors. Je pense que Christophe Colomb avait moins de bordel dans ses caravelles pour 3 mois que nous pour 3 jours. Pas de top case, mademoiselle trouvait cela trop « moche » mais un sac de sport sanglé à la sauvage à l’arrière. Une sacoche de réservoir si remplie que je pouvais y poser la mentonnière du casque dessus en roulant. Et un énorme sac-à-dos de rando sur les épaules de la passagère. Rien que notre trousse de toilette devait peser 5 kilos, je me demande même si l’on n’avait pas carrément embarqué le sèche-cheveux (pour ma barbe, cela va sans dire). Des provisions comme si on partait au Pôle Nord, des fringues pour une semaine, des serviettes de plage (pourquoi ?), etc. Bien sûr, on avait juste oublié nos combardes de pluie. En plein été, ce n’est pas la peine. Comment ça, les orages ? Bref, ce fut une catastrophe logistique.
L’été d’après, nous roulions en vieux 1100-GSXF (on s’était embourgeoisés). Nous sommes partis pour une semaine de rando dans le Pays Basque (donc chaussures, sac-à-dos, shorts et compagnie, sans parler des draps pour le gîte). Étonnamment, on était moins chargés que pour le weekend de l’année précédente. C’est que ça y est, nous avions acquis l’art du compactage motard. Un slip ? Ça se lave, on en prend moitié moins. La trousse de toilette ? 2 brosses à dents, 1 dentifrice. What else ? Et ainsi de suite jusqu’à réussir à tout caser dans les deux petites valoches et le minuscule top case de la bécane (j’avais réussi à la convaincre depuis qu’elle s’était tassée deux vertèbres avec son sac-à-dos). Bon, vu qu’on reste jeunes et pas très malins, on avait encore oublié les tenues de pluie. Des orages dans les Pyrénées ? Boah, t’exagères…
Cet art du compactage, tu vas le retrouver chez chaque motard et motarde, en fonction de leur machine et de leurs besoins. Le type qui va bosser tous les jours à moto va foutre son cadenas et son futal imperméable dans son top case. Le promeneur du dimanche (ce n’est pas péjoratif) casera sa bombe anti-crevaison sous la selle. Mon pote qui roule en Ducat’ a toujours sa caisse à outil dans une valoche et une batterie de rechange dans l’autre. Le minimum pour une italienne quoi. Enfin, je crois que nous avons tous, toujours à portée de main, une « araignée ». L’invention du siècle. Je remercie chaque jour le génie qui a conçu ce sacré filet élastique qui te permets de tout transporter, de la baguette de pain à la branche de houx que mes parents voulaient que je leur ramène à Noël. Et en plus, ça coûte que dalle.
L’autre jour, mon copain Bobo me disait : « Pas besoin de tout ce merdier, quand je pars, j’ai mon couteau et ma carte bleue, ça suffit ». Bon, il est banquier, ceci explique peut être cela. Il a pas tort. En soi, on a peut-être pas besoin d’emporter toutes nos babioles avec nous. Mais je crois qu’au-delà de l’aspect fonctionnel et plus ou moins pratique du « compactage » il y a une philosophie, une façon de concevoir sa passion. Je roule en trail car pour moi c’est la moto de la liberté, celle qui peut aller partout. Et quand je pars avec toute ma « vie » sur ma machine, j’ai la sensation de pouvoir aller au bout du monde. Un vrai escargot. Dans tous les sens du terme d’ailleurs…
En p’tite illustration bonus, l’excellente vidéo du copain Thomas. Ce fou furieux de trail préparait cette fois là sa belle pour 5 jours de chemin-trip dans les Alpes en bivouac sauvage. Après une telle mise en bouche, n’hésitez pas à aller zyeuter sa chaîne youtube, il taquine de la Go pro presque autant que du guidon !
Bonne analyse, mais je déconseille une chose:
Mettre le pantalon de pluie et l’antivol dans le top case sans précautions,
Sinon au bout de 200 bornes de cahots divers, tu as un pantalon de pluie… à trous.
J’en ai un à vendre si ça intéresse.
Philippe
1 semaine en Bretagne, 2 cavalières souples, 1 top case, une sacoche de réservoir et la tente, le duvet et le matelas de sol sur l’arrière de la CB500 (grâce à l’araignée)
D’un coup ton roadster ressemble à un trail mais avec classe =)
Perso j’avais prévu la combi pluie mais bizarrement j’en ai pas eu besoin.
Pas besoin de combie de pluie en Bretagne ? Menteur ! :-p