Et si on allait voir la course Superbike ?

Cette phrase est sortie comme ça, naturellement, au cours d’une conversation avec mon ami Antoine. C’était en 2010 et nous nous étions rencontrés quelques mois plus tôt grâce au boulot que nous partagions, et liés d’amitié grâce à la moto. Le genre de feeling qui passe tout de suite et qui dure depuis. Bref, c’est décidé, on va se faire notre premier petit trip motard ! Et par la même, découvrir une ambiance jusqu’alors inconnue…

Le mondial Superbike, c’est dans la Nièvre, notre départ se fait depuis le Languedoc avec un passage sur le plateau Ardéchois chez mes parents. Dodo sous la tente le samedi soir et retour le lendemain dans le pays du fromage Goudoulet (t’iras chercher sur Internet !) avant de regagner la méditerranée. Les billets sont réservés avec tribune et pass pour le paddock, tant qu’à faire.

Les motos ? Je dispose de ma première moto de route, mon Fazer 600 de 2001 toujours près à rouler et Antoine, lui, vient de s’offrir une belle et plutôt peu rependue Triumph 600 Speed Four de 2004 (qu’il possède encore aujourd’hui) en remplacement de son 500 CBF. Sacoches de réservoir, toiles de tente quelques bricoles, pas besoin non plus de grand chose pour un trip de 4 jours.

Le départ, enfin !

Cette excitation. Celle qui te fait te lever avant ton réveil, avec le sourire. Il fait beau, la route qui mène à notre première étape est juste la magnifique D906 qui traverse les Cévennes que je connais bien, on fait pire pour un début de road-trip ! Sauf que… si la route menant à Alès s’est déroulée sans encombres, dès les premiers virages je ne vois plus l’anglaise dans mes rétros. Merde !

Ouf, c’est bon. Il ne s’est pas bourré mais le rythme que j’adopte est trop élevé, il découvre sa moto car, finalement, la route qui le mène au travail, elle, ne tourne quasiment pas. Nous adoptons alors une cadence plus tranquille permettant à Antoine de me suivre et de copier mes trajectoires.

Bon, au bout d’un moment la tentation est forte sur ce toboggan et je reprend du large, jusqu’à tomber un groupe allemand en Ducati, notamment une vieille SS façon Guido Brasletti et je me régale de suivre l’italienne avec sa sonorité (et pas un boulon de perdu, s’il vous plait !) Le groupe bifurque vers Les Vans, nous nous arrêtons devant le Lac. Antoine se sent déjà nettement plus à l’aise et apprivoise sa balle jaune.

Comme nous arrivons au terme de cette étape assez tôt, nous partons pour une petite balade découverte en Haute-Loire. Clairement, en fin d’après-midi, Antoine a pris ses marques et a gagné en confiance sur sa Triumph. Demain, direction Magny-Cours !

Cap au nord

Pas d’autoroute au programme, personne ne nous attend et il fait beau. Alors on profite ! Le Puy en Velay, Ambert et s’en suit la vallée de l’Allier où on profite de ces grands virages, l’occasion de retirer un peu de matière aux cales-pied du Fazer. On se pose dans Vichy pour un repas en terrasse, avant de rouler sur des looongues lignes droites…. Du coup, les selles commencent à nous faire mal au derche. C’est qu’on débute, on a pas encore le fessier habitué à rouler autant ! Mais le circuit se rapproche et nous rejoignons d’autres groupes de motards. Nous nous installons dans le camping en fin d’après-midi, le temps de voir les derniers essais !

Bière et flammes

A peine les tentes posées, nous saluons nous voisins venus à deux motos et une voiture servant à transporter le matériel. Il viennent de Troyes et nous proposent très rapidement d’ouvrir un rafraîchissement. Nous y passerons finalement la soirée, autour d’un feu agrémenté de quelques grillades. Merci encore les mecs ! Bel esprit. La nuit tombe à peine, les mécanos des teams traversent le camping sur des brêles sans pot, répondant aux moteurs hurlants près des tentes. Pour moi et Antoine, c’est la première fois qu’on met les pieds dans un rassemblement du genre. Quel est donc l’intérêt de faire souffrir la mécanique ? Nos hôtes manifestent la même interrogation, et pourtant…

Je fais un tour de la zone, constatant que les pots rougissent autant que les visages de ceux qui tournent la poignée. Étrange. La route de la journée nous ayant bien fatigué, je file sous la tente, sans trop de mal avec la « berceuse » des alentours.

Watatata !

Sur le coup des 3 heures, j’ouvre un œil. Bordel ça rupte tellement près que je vérifie si j’ai bien encore les clés de ma Yam ! Je passe une tête hors de la tente et là, je vois nos acolytes du début de soirée enrouler les câbles de leurs 600 japonnais. Ceux-là même nous ayant parlé du respect de la mécanique toussa. Tout ça pour répondre à ceux d’en face, tiens, d’ailleurs, lui ne répondra plus beaucoup, vu la fumée dégagée par sa sportive… Maintenant que je suis levé, allons voir l’ambiance dans ce camping ! Je garde après toutes ces années le souvenir du type se faisant tatouer le cul avec les flammes d’un 750VFR.

Jour de course

Ce qui est sympa dans le SBK, c’est que c’est assez détendu. Pas trop de monde, un accès assez simple aux paddocks, aux tribunes. Du coup, on s’est visité l’arrière des stands, avec ses piles de pneus boulochés, les mécanos qui s’affairent, les hôtesses. Notre pass nous donne un accès « VIP » au stand BMW, avec quelques goodies, boissons sans alcool à volonté et tribune qui précède la ligne droite des stands. Quelques exposants aussi histoire de patienter entre les manches.

D’ailleurs, le spectacle de stunt offert par le pilote de la marque était bluffant, quelle aisance et quelle maîtrise. Tout ça fini dans un burn magistral. C’est con, mais avant ça je n’avait jamais senti cette odeur.

Bon, c’est pas tout ça, mais on a quand même une course à voir ! Enfin, plusieurs même : course roadsters, les 600 et enfin les 1000. Chaque course amène son lot de sensations. Les sons, les passes d’armes à tous les étages et aussi quelques chutes. Un beau spectacle et une vraie bonne ambiance !

Retour

Remise des prix passée, on remballe la tente, laissant derrière nous un coin propre. Mais ce petit espace ne se remarque pas sur l’ensemble du camping jonché de sacs, canettes et autres détritus. Et depuis, malgré les années à me rendre dans différents événements (auto, moto ou concerts) le spectacle est malheureusement souvent le même…

C’est reparti pour de longues lignes droites, partagés avec d’autres groupes. C’est long. On refait les plein avant de s’attaquer à la vallée de l’Allier. Le tracé redevient sympa et le rythme augmente. Passé Ambert, la nuit tombante et les forêts traversées nous plongent dans l’obscurité. La Fazer n’était pas réputée pour la qualité de son éclairage mais nous avons hâte d’arriver à la maison. Antoine m’avouera m’avoir suivi au feu arrière, ne voyant strictement rien d’autre !

Le lendemain matin, nous repartons sous la pluie direction Aubenas, cette drache nous quittera près de Sommières, je manque de peu de m’en mettre une sur ces routes glissantes, perdant l’arrière dans une courbe mais le pneu finit pas raccrocher, j’étais pas loin d’être en butée… Chaud !

Nous arrivons crevés mais heureux d’avoir vécu ces 4 jours de moto ensemble. De sortir de notre zone de confort. Bon, en soi, c’est juste une toute toute petite sortie sans rien d’extraordinaire. Mais le tout, c’est de se lancer et le Superbike a été un magnifique prétexte ! Bref : ROULEZ !