Dans les magazines, on voit de plus en plus de bécanes équipées de prises allume-cigares. Vu que je suis un vieux ringard de 29 ans j’me suis demandé : « outre à allumer sa clope, à quoi ça peut bien servir ce gadget ? » Puis j’ai tilté : c’est pour brancher son GPS. Mais si, tu ne peux pas le rater, c’est le petit boitier plus ou moins discret fixé sur le guidon. Ça va du Smartphone au truc sophistiqué façon Paris-Dakar. En plus de te donner la direction via l’intercom de ton casque histoire de ne pas quitter la route des yeux – bien vu (c’est le cas de le dire) – certains te disent où qu’ils sont cachés les voleurs de points. C’est top quand même toute cette technologie, que ce soit pour le baroudeur ou le claqueur de chronos. Du coup, complexant sur mon guidon tout nu et ayant un téléphone pas très smart, je suis allé jeter un œil sur les GPS moto. Diantre, mais c’est que ce n’est pas donné ce genre de bidule ! 

Puis j’ai fini par en trouver un dans mon budget : pour 10 euros, j’ai investi dans une carte Michelin. Mais attention, je me suis quand même fendu l’option « papier indéchirable ET imperméable ». Je sais, mon côté bling-bling me perdra.

En fait, quand on y réfléchit, le GPS c’est super, mais c’est comme le livre électronique, il manquera toujours le contact du papier. Par exemple, la semaine, entre deux paquets de copies, j’aime suivre de l’index le parcours du weekend : imaginer comment je prendrai ce virage, essayer de mémoriser le nom des villes à traverser. Puis une fois la sortie passée, je retourne sur la carte retraçant stabilo à la main le périple de la journée. « Stabilotées »  les routes anonymes deviennent des terra cognita, des souvenirs se sont accrochés à leur goudron.

Et puis, je l’assume, je suis un romantique : parfois je déplie ma grande carte de l’Europe et je pars. Je franchis pays, villages et montagnes. Je roule affrontant la neige et le brouillard jusqu’aux steppes sibériennes. Je calcule mes étapes en additionnant les tronçons kilométrés, essaye d’estimer combien de semaines il me faudrait. Je pousse même le bouchon encore plus loin en allant me renseigner sur les hébergements et les caractéristiques de telle ou telle région. J’essaye d’associer des paysages aux nappes vertes de la carte. Je m’arrête pour me baigner dans le lac Léman et je traverse le Danube sur un bac. Si tu savais, combien de fois j’ai voyagé en Europe. Enfin, mentalement j’veux dire. Et je ne te raconte pas quand j’investirai dans une carte de l’Amérique. Tout ça, c’est impossible dans la petite lucarne du GPS. Ces machins c’est finalement à l’image de notre société actuelle: centré sur soi, le nez dans l’immédiat, dans la plate réalité, prendre à droite ou à gauche.

Ah c’est sur, c’est efficace. Ça évite bien des engueulades, des détours et des déboires. Avec ton GPS tu sais que quoi qu’il arrive tu iras du point A au point B. Plus exactement, tu  pourras y aller soit par le trajet le plus rapide, soit par le trajet le moins kilométré, soit par les routes les plus sinueuses pour les derniers modèles. Il va même te prédire combien tu vas consommer et à quel endroit tu devras faire ta pause pipi. Mais où qu’il est le plaisir dans toute cette prévisibilité ? Pour ceux qui taffent en ville j’dis pas, ça évite de chercher quinze ans l’adresse d’un client, mais tudieu t’as pas besoin de ça  pour aller balader ! Cet été, nous avons traversé les Alpes en large et en travers n’importe comment avec une mauvaise carte, le plus souvent ne sachant pas exactement sur quelle route nous nous trouvions. C’était un tracé si absurde et instinctif qu’un GPS en aurait fait une syncope.  Et finalement, c’était ça le plus beau : rouler à l’envie. 

Et si tu te perds ? Eh bien tant mieux. Que celui qui n’a pas déniché la petite route de rêve en se plantant me jette la première pierre. C’est en se perdant que Christophe Colomb est tombé sur l’Amérique non ? Bon c’est vrai qu’une fois que tu es paumé dans la cambrousse et que la nuit tombe, tu te dis que découvrir des continents c’est bien sympa, mais qu’il ne faudrait pas non plus rater la pizza du vendredi soir. C’est là que, raisonnable, tu t’arrêtes et tu déplies ta fidèle carte. Puis, rassuré, tu lèves la tête : tu es seul au monde, face à ce soleil couchant rougeoyant sur les montagnes. Au fond, tu n’as pas si faim que ça et une moto, ça n’a pas des phares que pour être vu. Rien ne presse. Ce genre de moment qui met les poils de bras au garde à vous, ce n’est pas planifiable par GPS…

Attention, je ne dis pas que je ne n’investirai jamais dans un GPS full option un de ces jours. Je confesse même avoir utilisé cette année un modeste etrex 20x prêté par mon frangin pour tracer la Rando TT Pirate 2017. Le parcours chevauchant 4 cartes IGN, c’était bien pratique pour bosser et puis il faut vivre avec son époque comme on dit.

Par contre, rien n’empêche – de temps en temps – de l’oublier à la maison ou de l’éteindre. Redécouvrir un monde déconnecté. Pas de voix électronique, pas de wifi, pas de musique, pas de sonnerie, pas de bluetooth.

Seulement le ronronnement de sa machine.

16 Commentaires

  1. 650freewind :
    Salut!
    Alors moi je suis un jeune motard de 20 ans, j’ai eu le permis en avril dernier et la bécane en juillet. Je guette toutes les semaines le nouvelle article de ton blog, je trouve que c’est extrêmement juste, ça me parle bien. C’est, une fois de plus dans cette article, très proche de l’idée que je me fait moi aussi de la moto. Comme je l’ai vu dans l’article sur le Dakar, j’ai l’impression que, comme moi, tu as grandi bercé par les récits de » l’époque héroïque » de ton père et de ses potes motards.
    Continu comme ça je te lis toujours avec autant de plaisir!
    V

  2. Fleuridas :

    Bonjour,
    C’est marrant de lire ça venant de la part de motard deux fois plus jeune que moi! Comme quoi, l’histoire est un éternel recommencement !
    Les cartes, c’est pas mon truc; ça fait plus de 10 ans que je me déplace qu’avec un GPS ( Garmin de préférence ) et que je trouve ça totalement indispensable, surtout si tu roules en groupe, pour pas mettre le clignotant au dernier moment en freinant comme un âne et mettre les copains dans la merde derrière. Le GPS, c’est bourré d’avantage, pour trouver une pompe à essence au milieu de nul part, un dimanche donc une pompe de superette pour qu’elle soit à carte, pour trouver un resto, reserver une chambre d’hôtel et … rouler le nez au vent; sachant que si tu loupes une route, le Gps va te ramener sur ton chemin. Je pourrais en mettre 10 pages… J’en ai sur toute mes bécanes: des anciens acheter d’occaz pour une bouché de pain ( un Nuvi 510 trouvé à 22 euros sur eBay !) et qui marche très bien ! Bonne route à tous et bon courage avec vos cartes

  3. Harvey Danielson :
    Je ne te peux que confirmer les propos de Fleuridas. J’ai usé largement de la carte… Mais avec ce bidule électronique, tu ne paniques pas comme un chat devant un chien quand tu viens de passer sur la réserve et que tu es en pleine brousse en se demandant « mais où je vais trouver une nondudju de station ? ». De plus, va lire une carte quand tu es en pleine circulation genre périphe et que les caisseux te serrent comme ta femme quand tu croises une autre femme… C’est LE progrès ! Si je suis ton raisonnement, je pourrais dire » mais pourquoi on a mis un moteur sur mon vélo, j’avançais très bien sans ? ».
    Si tu veux vraiment tenter l’aventure, ben règle ton Jépéhesse sur le mode piéton héhéhéhé !

  4. MarineMat15 :

    Je suis d’accord avec toi, il ne faut pas se contenter de suivre bêtement un GPS sans profiter de la route ! Mais étant une fervente utilisatrice (pas taper pas taper ^^ pour faire Paris-Clermont-Bordeaux-Paris en 2 jours t’as pas le tps de te perdre 😛 ) je me suis offert à Noël un GPS moto qui possède quelques fonctions intéressantes comme le choix d’une « route sinueuse » plutôt que le chemin le plus rapide 😉

    Allez, tu m’emmènes tester le trial et je te prête mon GPS ! Deal ? 😀

  5. MrChaix :

    Comme d’hab, car maintenant je peux le dire, c’est un plaisir de te lire ! Entre les rires solitaires devant mon ordi et cette vision de la moto que nous partageons … Il me tarde de dévorer ton prochain billet. et comme dit marinemat15, un petit échange de courtoise, c’est quand tu veux 😉

  6. Mathieu :

    Il y a un avantage certain au GPS c’est qu’on peut y charger les roadbook faits par d’autres. Je suis parti en irlande, j’ai soustraité le roadbook et la réservation des hôtels à un tour operator qui proposait des roadbook papier ou GPS. J’ai pris le papier, j’ai pas de GPS. Ben si j’avais su j’aurais pris un GPS, emprunté à un copain. J’avais la possibilité mais j’avais la flemme de tirer une prise allume cigare.
    Parce que faire son roadbook soit même avec google street view sur les intersections à pas rater c’est très bien pour une balade d’une demi journée, là c’était deux semaines 5000km. Plus de 300km/j.
    Et on fait pas tous nos roadbook pareil. Quand le tour operator propose de tourner à droite au panneau céder le passage et que il y en a juste un à chaque intersection tu es pas aidé. Des fois dans une ville au lieu de mettre 50 indications moi j’aurais mis aller en centre ville, continuer puis sortir en direction de tel bled par la route qui s’appelle ceci.
    Aussi quand il propose de tourner à gauche après un bar, qu’il existe une route à gauche après ce bar mais qu’il parlait de la grosse nationale 200m plus loin, j’aurais mis le nom de la nationale et le nom de la plus grosse ville indiquée sur le panneau.
    Tu ajoutes que le nom des villes est en anglais sur les cartes et en gaélique sur les panneaux dans certaines péninsules.

    Bref le GPS parfois c’est le bien. Mais j’en ai pas, j’utilise des cartes, je fais mes roadbook amoureusement et quand je me perds, j’utilise le GPS de mon téléphone pour me retrouver…

  7. Olivier :
    SALUT
    un GPS ca peut se planter si si pas plus tard qu hier
    parti chercher mon nouveau top case a ALES
    J’ai une fois arrivée sur ALES (CARPENTRAS ALES sans carte et gps
    c est pas trop compliqué)
    résultat tourner a droite tourne a gauche et le vous êtes arrivée a droite
    sauf que c’était bien le numéro 2 de la rue mais pas la bonne rue
    et comme on fait confiance au GPS
    on regarde pas le nom de la rue sur le panneau quand on rentre dans la rue
    j’appelle mon vendeur la il me dit: je vous ouvre le portail de la résidence et je voies que la résidence ou je suis a pas de portail que le vendeur précise il y a un camion rouge garé devant devant .a ce moment la tu te demande si tu vie pas dans un monde parallèle et tu reviens a l essentiel regarder le panneau qui indique le nom de la rue et je demande a ma femme qui était avec moi il a bien que l on était arrivée j’ai pas rêvé et elle me dit non alors on retourne a la voiture insulté ton gps (Gourde qui Parle Seule) après engueule elle la gourde qui parle seule)te mène a la bonne adresse

    un conseil si vous acheter un GPS acheter un gps ou vous pouvez programmer votre parcours comme cela a la maison avec votre carte routiere vous ferais votre parcours et le gps vous fera passer ou vous avez décider et non son choix propre qui est pas toujours le meilleur puisque son objectif est uniquement de vous amene du point A au point B (sauf quand il en décide autrement)
    olivier

  8. Clauzet patrice :
    Quelle lyrisme ! c’est beau ! je rassure tout le monde , mon pot a un GPS et nous le suivons comme des abrutis, sur qu’il a raison ! nous avons déjà atterris dans une ferme pommée au bout du monde , pris des routes a contre sens, dévie du but de plusieurs dizaines de KL, enfin on se marre a l’apéro du soir et on se fou de sa gueule, et le lendemain, et ben on le suis !

  9. Voyages à moto :
    Avoir un GPS sur sa moto n’induit pas nécessairement de rouler en mode décérébré… Hélas, trop d’utilisateurs lui accordent une confiance aveugle et / ou le paramètrent mal et / ou roulent avec des cartes pas à jour.

    Quand au tour operateur qui propose roadbook papier OU (au lieu de ET) GPS, c’est de la mesquinerie pure et dure : il a tracé son parcours sur un logiciel qui permet de l’exporter en 2 clics.

    Je connais malheureusement certains confrères qui usent de ces pratiques pour soutirer quelques euros de plus à leurs clients.

  10. Pittivier8 :
    A le GPS. Bien pratique pour trouver les pompes à essence quand on doit faire le plein tous les 150 kilomètres petit réservoir oblige. J’ai juste un GPS de voiture dans ma sacoche réservoir une fois bien calé c’est super!!

  11. AAAAAH, le GPS, mon amiiiii!
    Mon mari en a un. Je dis qu’IL en a un car si nous partageons à peu près tout, disons sauf cet engin: dès qu’il me voit arriver, il clignote, devient tout bleu, pense que je suis dans la Mer Adriatique, ne voit pas que j’ai démarré et continue de me donner la même indication depuis 20 bornes ou plus sobrement s’éteint bien qu’il soit branché. Tu l’as compris, le GPS et moi c’est comme … ma grand-mère et la luge… j’me comprend…
    Par contre comme cette saleté d’engin fait parti de ma vie par motard interposé, je m’inscris en faux quand tu dis que c’est un empêcheur de fantaisie, ça se voit que tu n’en as pas!!!
    Saches que le GPS est blagueur: après avoir passé des heures à tenter de le programmer pour un road virolesque à souhait il se permet tout de même de merder tout le temps, de nous paumer grave, de nous faire rentrer dans une ville espagnole en nous interdisant d’en ressortir sauf en empruntant un petit pont dans un parc (prétendant que c’est une voie de circulation!) ou en prenant un sens interdit! Et sa blague phare c’est quand tu oses lui demander de passer par No-Soucis-Ville mais qu’une fois sur place tu repères un itinéraire plus sympa, et bien l’animal ne cesse de te ramener sur tes pas parce que tu n’as pas été checké La Mairie de No-Soucis-Ville…
    Définitivement je trouve, moi, au contraire que le GPS est tout à fait fantaisiste!
    Ceci dit, je ne suis pas tout à fait une demeurée, j’ai bien compris aussi que quand Monsieur voulait absolument allé vérifier que ce petit chemin où la végétation reprend ses droits n’est vraiment pas notre route (non une cour de ferme gravillonnée ne fait pas parti de notre road!!!) j’ai bien l’intuition aussi que le GPS à bon dos, c’est pourquoi l’Homme le sait: après 3 demi-tour en une demi-journée, il a un gage, toujours le même: c’est lui qui manœuvre ma moto pour le demi-tour parce que… je suis très nulle en demi-tour!!! ;-P

  12. Mon GPS s’appelle Atlas touristique, il est plastifié lui aussi, et au 1/200.000, soit 1 cm pour 2 kms.
    Chaque fois que je dois tourner une page ou un chapitre c’est pause pipi ou clope ou café ou les 3, suis pas sectaire!
    L’electronique ne sert que sur voies rapides pour prévenir des boites à images.

  13. Parfaitement d’accord avec toi! Le principal avantage de la carte étant que tu peux IMPROVISER! Sans te perdre, et sans avoir une voix mécanique qui te somme de faire demi-tour. Et puis merde y’a tout sur une carte michelin! les stations essence, les points de vue, les lieux historiques, et même les routes pittoresques pleines de virages (surlignées en vert ). Suffit juste de savoir lire…
    Et si tu sais plus ou tu est, tu t’arrête 2min, tu demande a un autochtone et tu fais des rencontres parfois surprenantes 🙂
    Bref,le GPS je le laisse volontiers aux autres.

  14. Salut à tous,

    Ben faut les deux !!!

    Je me suis offert début septembre un roadtrip de 2700kms sur 6 jours pour mes 40ans de permis moto. Le matin je partais avec la carte (française puis espagnole) , je roulais alors en mode « j’ai le temps et je fais un max de petites routes, de cols plus ou moins reconnus et d’arrêt beauté » puis arrive le moment de faire le plein, de manger, de boire ou de dormir (quelques-fois tous en même temps). Si une réponse à un de ces besoins se trouvait sur mon chemin je n’allumais pas non plus le gps mais si d’aventure il était tard , que la nuit arrivait et la seule chose que j’avais mangé dans la journée était les deux croissants du matin et que mon réservoir ressemblait furieusement à mon ventre, que tu es au beau milieu des Pyrénées et que ça fait 80 bornes que t’as pas vu une seule baraque hormis les abris pour animaux, alors oui , bien entendu, que j’allumais le garmin…..
    Et j’ose avoué publiquement que j’ai aussi utilisé mon téléphone portable pour appeler les chambres d’hôtes… (oui je sais j’ai honte) au lieu de chercher une cabine téléphonique… :-)))
    Cigalou , très cher, ce que j’aime bien chez toi , c’est que je me reconnais dans ta quête d’être un « vrai » motard. La pureté de l’aventure oui , je sais à quel point c’est excitant, et en même temps ce n’est pas incompatible avec un minimum de confort surtout passé un certain âge ….. et quand j’ai faim!!! :-)))
    biz

  15. Mon Cigalou, je bois tes paroles. L’aventure, ça commence par un saut individuel dans l’inconnu. Le voyage est en marche. Sinon, cela se nomme un trajet. J’ai banni le GPS parce que je revendique le droit de me perdre. C’est le moyen de rencontrer du monde. J’ai des souvenirs émus de Portugais du Portugal qui ont associé des mots anglais, des locutions espagnoles et des jurons allemands afin de me remettre sur le bon cap. Un plaisir !

  16. Salut,
    ben oui chuis comme vous ! Un lâche ! Qui pour justifier de l’acquisition de cet appareil s’affuble d’une excuse de baisse de la vue (qui ma Foi est vraie et confirmée par un toubib ‘espécial’ qui m’a dit qu’il valait mieux être presse-bite que casse-couilles -scuzez pour l’horto chuis pas sûr ! ) N’empêche que c’est un pas de plus vers le touautomatix … hin hin hin !! 😉

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