On continue avec l’Irlande, pour ceux qui auraient ratés la première partie, ça se trouve par ici : Irlande partie 1/2
Et histoire de continuer mes galères, en arrivant au bout d’un chemin de terre qui se finit au bord de la mer, je descends de la moto, la béquille, m’éloigne de 3m, me retourne pour chercher le trépied dans les sacoches et voit la moto s’enfoncer sur sa béquille et s’affaler de tout son poids sur son côté gauche dans un bruit pas très catholique. Boarf, une fois de plus, une fois de moins … Je la relève, et ‘tain un truc cloche là au guidon : la cocotte d’embrayage se balade un peu trop librement. Merde, le support en demi-lune qui tient la cocotte au guidon a cassé ! Bon, ceci dis, ça tient encore et c’est roulable. C’est juste que la poignée se balade un peu quoi, mais je peux toujours embrayer/débrayer.
Je tente de réparer à l’époxy métal pendant la nuit, mais je sens que si je serre la pièce à fond ça va péter à nouveau. Donc je serre moyennement, c’est un peu moins pire que la veille mais c’est pas idéal. À une station service dans Sligo, je tente de resserrer la pièce et paf! ça fait des chocap… ça recasse.
Et là, j’ai une anecdote de fou à raconter, qui sera la meilleure de mon voyage. Un local se pointe et me demande si ça va. Je lui explique que oui, que j’ai pété un truc mais que ça reste roulable. La conversation continue de la manière suivante :
« Et tu restes jusqu’à quand en ville ? – Bah j’ai prévu de dormir au camping à 2/3km d’ici cette nuit et repartir demain. [note : il est samedi 17h] – … hmm … écoute, ce que je te propose : tu me suis jusqu’à chez moi, on démonte la pièce, j’ai un neveu mécano moto qui tient un garage, on regarde si il a une pièce qu’on peut adapter. Sinon, demain, mon fils, qui est tourneur-fraiseur peut t’en refaire une. »
… là, je vous laisse quelque secondes pour percuter ce que le mec vient de proposer à un étranger en semi-rade rencontré depuis 45 secondes dans une station service …
Du coup forcément j’accepte, on va chez lui, on démonte la pièce, il m’emmène chez son neveu qui sort une pièce qui paraît adaptable, on rentre chez lui, on tente d’adapter la pièce, ça marche évidemment pas, du coup il se rend à son boulot pour trouver de quoi réparer. En attendant, sa femme m’accueille dans la maison en mode full-hospitalité : café, gâteau, tour de la maison, etc. Normal. Je rentre dans le salon, et y’a une Triumph des années 60 au milieu du p***** de salon, entre le canap’ et la table basse !!
Il revient de son boulot avec de la bande galva perforée qui fera l’affaire en attendant de trouver mieux (comprendre « j’ai changé quand je suis rentré », soit genre 4000km plus tard). Et ça a tenu.
Après avoir grassement remercié mon sauveur (qui s’est mis en retard à son rendez-vous au resto’ par après à cause de moi et qui a refusé toute compensation financière ou houblonnée), je suis arrivé au camping, trempé, crevé, j’ai déplié la tente encore trempée du matin sous la flotte MAIS j’ai un embrayage qui tient et un cache qui semble rester intègre également. C’était le point le plus bas moralement du voyage.
Mais le lendemain, le ciel se dégage, le moteur ronronne, la combi pluie retourne dans les valoches, et on reprend la route en continuant de longer la côte et de remonter au nord. Après une formidable nuit un camping pas loin de Horn Head, je progresse le lendemain jusqu’à Malin Head, point le plus au nord de l’île. Je continue le long de la côte, quand … attends, pourquoi j’ai un panneau qui m’indique la fin de la Wild Atlantic Way ? — C’est à peu près comme ça que se passe le changement de pays entre l’Irlande et l’Irlande du Nord : invisible, hormis des détails. A part la monnaie qui change et les drapeaux qui représentent désormais l’Union Jack, pas de différence notable entre les deux pays.
Mon passage en Irlande du Nord sera marquée par la rencontre d’un motard local, Adam, qui me fera découvrir un peu les environs, me fera passer sur le tracé du North West 200, célèbre course sur route, équivalente du Tourist Trophy. On fera le plein dans une station service, où il me payera un coup à boire ainsi que le plein, sans que je lui demande rien. Normal, encore une fois, le mec me connaît depuis 5 minutes. On boira notre coup ensemble puis nos chemins se sépareront, il sera arrivé en retard à son boulot à cause de moi d’ailleurs ce jour là !
On continue en Irlande du Nord, arrivé au camping un soir avec 3 randonneuses françaises rencontrés sur place et je suis passé dans Belfast très rapidement (baah, c’est une ville quoi) et re-dodo dans un camping nord-irlandais. En arrivant à ce camping, je me rends compte que j’ai rien à manger. Pas grave, je monte la tente, je laisse toutes mes affaires sur place et je descends 3km plus bas à une station. Je remonte avec ma bouffe, mange, va à la douche et en revenant de la douche … attends, il manque un truc sur la moto là …
Le cache que j’avais cassé il y a quelques jours. F*ck. Comme je n’avais pas les valises pour appuyer dessus, il a du se barrer quand j’me suis cherché à manger. Et j’ai rien percuté ! Du coup, je reprends la meule, descends par la même route et effectivement, les restes de mon cache sont posés sur une poubelle, façon puzzle 100 pièces, quelqu’un ayant dû roulé dessus après que je l’ai perdu. Tant pis, ça marche aussi sans.
Je retourne en Irlande tout court le lendemain, passe par Dublin (bof, encore. C’est une ville quoi.) et me dirige vers les Wiclow Mountains, au sud de la ville. Là, ça va carrément être cool ! En fait, suffisamment pour me décider à y passer ma journée joker (j’avais prévu une journée en rab dans mon itinéraire en cas de problème mécanique/de santé) le lendemain. Entre temps, j’suis passé à deux doigts de me faire adopter par une famille d’Irlandais du Nord au camping (à qui j’ai du apprendre à jouer à la pétanque, logique), mais j’ai réussi à m’en sortir.
La journée dans les Wiclow Mountain fut géniale, c’est encore une fois très beau et très sauvage, peu fréquenté et suffisamment vaste pour y passer une journée complète.
La journée suivante sera pas exceptionnelle, retour à Rosslare pour arriver au ferry à 14h là bas. Après avoir passé une plage déserte pour y faire le con. Et puis, voilà, c’est la fin. Une dernière pinte de Guinness, un peu d’offroad pour finir en beauté et on embarque sur le ferry. Fini l’Irlande.
Puis 845km de nationale de Cherbourg jusqu’à chez moi, de 10h45 à 22h15, quasiment sans pause. Mais mon dieu que retrouver son lit après 2 semaines à dormir sur un matelas gonflable fait du bien.
Voilà voilà, c’était mes deux semaines en Irlande. L’Irlande c’est beau, l’Irlande c’est magique, l’Irlande c’est dépaysant et les Irlandais sont formidablo-génial, j’ai des souvenirs plein la tête et les rétines. C’est vraiment un pays à motard en fait, et je recommanderai à tout le monde qui ne l’aurait pas encore fait. 2 semaines, c’est nickel pour faire le tour complet de l’île à condition d’avoir un bon rythme (~250km/jour), le tout pour un budget total de 1200€ tout inclus en solo (du trajet aller/retour à Cherbourg, le ferry, le pétrole sur place et la vie en générale).
Et sinon, pour finir en vidéo encore, on achève sur les quelques conneries qui me sont arrivés durant le voyage.
Merci de partager ton voyage avec nous Thomas, ça fait voyager un peu!! Va falloir que je me lance… côté voyages je n’ai pas à me plaindre, mais le vrai gros road trip moto ça ma titille… et quand on lit tout ça ça donne envie de prendre le sac, le casque, la meule, et roulez jeunesse… mais on va ou?? on s’en fout… on verra bien 😉
et bon repos!