Sept mois de permis, cinq milles kilomètres à mon actif et un nombre incalculable d’heures à réparer mon vieux mono croulant : Ma fameuse KLR 650 de 1987. Adepte des défis il fallait que je réalise quelque chose de grand cet été (pour me prouver je ne sais quoi d’ailleurs). Le plan était simple : Ne pas en avoir ! Mon seul objectif sera de rejoindre la mer. Ce qui – au passage – est bien un délire d’Alsacien de vouloir absolument voir le sable. N’est-ce pas Valentin ?
La veille du départ j’ai la chance d’avoir justement l’aide de Valentin pour charger tout mon attirail sur la bécane. Il s’étonne de mon peu de matos. Je lui explique que deux boxers et un tee-shirt suffiront amplement pour tenir la semaine. A coup de sangles, tendeurs et toutes autres attaches en notre possession on finit par avoir un truc relativement solide.
Le jour J est là. Gps activé, j’ai pour objectif d’aller de Mulhouse à Intelaken (Suisse) soit 295 km. Pas mal pour se mettre en jambe. Les kilomètres défilent sans soucis jusqu’au… vingtième. Là, mon klaxon me lâche. Boarf, de toute manière on l’entendait pas avec le bruit de mon vieux pot ! J’attaque la traversée de la Suisse entre chemins et routes sinueuses, un paysage digne des plus beaux films : Je suis aux anges ! Mais une odeur de brûlé me ramène soudainement à la réalité. Arrêt sur le bas-côté et rapide tour de la moto. Oh ça va, c’est une légère fuite du liquide de refroidissement. Si ce n’est que ça, je le remplacerais par de l’eau !
Après une nuit réparatrice sur les bords du lac d’Interlaken, je suis en pleine forme pour affronter les Alpes ! Au programme rejoindre le lac de Garde en Italie. Mais avant de voir les petits bateaux, il me faut franchir les cols de Grimsen et de la Furka. Et « à la fraîche » comme on dit avec des températures négatives qui rende la monté compliquée. Mais la vue de là haut valait clairement la chandelle ! Après un coca – hors de prix – je suis d’attaque pour passer la frontière franco-italienne.
Ça roule bien, personne sur les routes, du coup je peux rouler fort (enfin j’ai un vieux mono donc…) Les kilomètres s’enchaînent mais les heures aussi. La nuit tombe et je ne suis toujours pas arrivé. Arrêt obligatoire, coup de fils aux copains Val et Botan : « Les gars, il fait nuit et j’ai nulle part où dormir. Je ne sais pas où monter la tente ! » Ils me disent de longer les bords du lac. Sauf qu’il y a des hôtels partout. « Alors trouve une zone verte sur la carte, tu seras tranquille. » Euh, c’est pas des réserves naturelles ça ? Pas de réponse des deux autres pieds nickelés. Surement un tunnel alsacien. « Bon ok, j’y vais ! » Je fini par m’installer au bord d’une petite rivière et m’endors. Exténué.
Au réveil, un charmant message m’annonce que mon hors forfait de 60€ entraîne un arrêt de la ligne tant que je ne règle pas la note. Oups. Comment faire sans accès à internet et sans moyen de prévenir quiconque ? Je vous laisse imaginer l’inquiétude des copains, de la maman et… de la copine ! (Si, si, j’ai réussi à en trouver une j’vous jure). Du coup c’est la chasse à la cabine téléphonique. Et je peux vous pour dire qu’en 2016 ce n’est pas chose facile ! Une fois trouvée, pas moyen d’appeler en France ! Super… Plan B : Rechercher un Macdo et son fameux wifi gratuit. Ah mais il faut confirmer son code de connexion par SMS. bon, bon, bon. Je suis bien dans la merde. Là faut prendre une décision, j’ai dérivé jusqu’à Vérone avec toutes ces histoires. 490 km me séparent de la France. Allez zou ! Soyons fou ! En mode free ride.
J’enchaîne les kilomètres de bitume, les cols, les petites routes et les villes. Je roule encore plus vite que les italiens (dont la réputation n’est plus à faire). A 20h j’atteins Nice ! Oui, oui, vous avez bien lu ! Je suis à Nice ! Je vous passe les nombreux messages de soulagement et remontrances auxquels j’ai eu le droit lors de l’activation du wifi…
Au réveil du quatrième jour j’ai le dos en compote, les cervicales explosées et un début de tendinite au poignet. Tout le confort d’un vieux KLR quoi. Un message aux copains : « Les gars je rentre aujourd’hui, je me tape Nice-Mulhouse, je suis chaud ! ». Ils me demandent si ça y est j’ai basculé tendance masochiste. « Non je veux provoquer la panne sur ma KLR ! Je vais lui mettre 836 bornes d’un trait dans la tronche ! »
Et c’est parti ! Nice-Grenoble par la route Napoléon et le reste par autoroute ! J’ai réparé ma fourche qui ne guidonne plus alors autant en profiter ! Je souffre, mon corps est à bout mais la moto tourne comme une horloge ! Putain mais je n’arriverais pas l’achever celle-là ! Un 120km/h constant et pourtant rien ne se dévisse, rien ne tombe (pas même les bagages).
A 21h30, c’est le drame : Je suis déjà arrivé chez moi… Sans panne…
Serait-ce la fin d’un mythe ? Il faut croire qu’au fil des kilomètres la KLR est devenue fiable ! C’est donc sur ce triste constat que se clôture mon épopée, sans panne, sans soucis majeur. Rien, nada… mais où est l’aventure ?
Je songe désormais à la vendre pour trouver quelque chose de moins robuste. Mais quoi ?
tu voit une moto c’est quand elle roule qu’elle va bien 🙂
Jolie promenade.
Mais perso, pour mes balades, je préfère sans les pannes…
Philippe
Pour la moto moins fiable, tente la Mash, apparemment ton collègue ardéchois a eu des soucis avec pendant son trail xD
Le secret pour tenir la distance c’est de s’entraîner régulièrement en faisant du sport 🙂 Et pour la nuque il n’y a pas de secret : bulle haute, ou casque hyper aérodynamique qui coûte un bras et deux jambes.
Super ton premier « petit » roadtrip ! Le prochaine n’en sera que meilleur !
Haha ! Cette moto est toujours vivante et c’est moi qui en ai hérité aujourd’hui 😉
Après une grosse révision et une réfection du haut moteur, la voilà comme neuve !
Une superbe machine ♥️