Essai – Shark Explore-R : Casque 3-en-1

Les gars de chez Shark m’ont filé le Explore-R début janvier en me disant : « Vas-y fais en un bon gros essai ». Il ne fallait pas me le dire deux fois. Donc 6 mois, quelques milliers de bornes et pas mal de boue plus tard, je pense que je peux enfin donner un verdict qui tient la route.

D’ailleurs, avant de commencer, petite introspection égocentrique (vous en avez l’habitude) : je suis en train de devenir une princesse au petit pois. Tu ne connais pas le conte ? Allez hop, révise tes classiques ! Ben oui, à multiplier les essais, je me rends compte que je finis par être un client bien difficile et que mon sens critique s’aiguise. Mais après tout n’est-ce pas ce que l’on appelle… l’expérience ? Ciel je deviens vieux ! Bref, tout ça pour dire que durant ces 6 mois j’ai croisé et roulé avec pas mal de mecs, notamment Valentin et Erwan, qui avaient ce modèle de casque et qui en étaient tous enchantés. Ils nuancent donc un peu mon point de vue de diva.

Mais commençons par pointer ses qualités à cet Explore-R. Car il en a pas mal. La première fois que j’ai roulé avec c’était pendant plus de 8h sous la flotte en direction du Touquet. J’ai été de suite agréablement surpris par sa visière qui n’offrait que très peu de prise au vent. Sensation confirmée sur les routes auvergnates lors de mon essai de la 800 GS qui offre pourtant beaucoup moins de protection que mon DL 1000. Jusqu’à 150 km/h rien ne bouge, après, tu ressens une gène. Mais de toute façon, c’est pô bien d’aller plus vite. Autre phénomène noté lors de ces longues journées de roulage : ce casque n’est pas trop bruyant. Bien sûr c’est très relatif le bruit et les vibrations : ça dépend de ta taille et de ta moto. Mais je tiens à le préciser car Shark n’ayant pas une super réputation en la matière, c’est bien de constater des efforts quand il y en a. Oups, le côté prof qui ressort. Il est finalement plutôt très confortable sur les longs trajets. Puis malgré ses 1,5 kg on a une sensation de légèreté pas désagréable.

Bon ensuite, bien sûr, ce qui est sympa c’est son côté « casque 3 en 1 ». Tu as le choix entre un casque de kéké avec le masque fumé, un casque de route ou un casque de TT. Un vrai « crossover » comme diraient les journaleux. J’avoue que c’est pas mal comme concept. Sans compter que chez Shark ils font partie des premiers à avoir creusé cette idée même si aujourd’hui pas mal de marques en proposent. Et oui, maintenant, le trail c’est hipe. Fin du fin, il y a même un tour de cou dissimulé dans sa mentonnière. C’est un peu le casque de l’inspecteur gadget quoi. Et forcément, en bon traileux, j’aime bien cette idée de casque qui fait tout, du custom à l’enduro.

Enfin, après 6 mois d’usage et malgré mes grattage à la barbe abrasive et mes litres de transpiration acide (off road oblige) il n’a pas bougé. Bonne longévité des mousses donc, même si c’est certainement lié au fait qu’elles soient… pré-usées. Oula mince, ça y est, je bascule dans la critique négative. Attention, le prof fouettard débarque.

Alors parlons-en de ces mousses. Pendant un moment j’ai tourné et retourné le casque pour savoir où était la pompe pour les gonfler. Ben non, elles sont juste toutes mollassonnes d’origine. Ah du coup c’est maxi confort c’est sur. Mais bon, dès que ça secoue un peu ou qu’il y a du vent sur route, ben ça bouge dans tous les sens. Pas très rassurant. Je ne comprends pas le pourquoi de ces mousses ultra-souples. Pourtant le casque est bien à ma taille c’est sûr certain. Peut être ai-je le visage un chouia trop fin pour ce modèle ? N’étant pas des Playmobils aux têtes toutes identiques, il arrive que des formes de casque ne conviennent pas à tous. Bref, je le conseille plutôt aux grandes gueules (au sens littéral) pour pouvoir remplir un peu les joues.

Ensuite, en toute logique, tout ce qui fait qu’il est un bon casque sur bitume vient le plomber en off road : aérations trop superficielles quand tu es en train de jardiner dans la boue du March Moto Madness, mousses « route » qui se transforment vite en éponge à transpiration, champs de vision trop restreint sur les côtés. Ah et bien sur, le masque c’est une très bonne idée mais le faire fumé c’est juste inutile. Pardon, ce n’est utile que pour aller à la plage l’été. Ou au bistrot à la limite. Erwan a ainsi acheté – en supplément – une version transparente. Et moi ben j’ai pris mon masque rose bonbon à la place pour le Paris-Dunkerque. Bref, pour l’off road ce masque ne convient pas. En revanche, dans un esprit « custom culture », c’est d’enfer.

Ah ben tant qu’on est sur les masques, parlons de l’écran soi-disant anti-buée. Je persiste et signe : le seul système anti-buée auquel je fais confiance actuellement ça s’appelle un Pinlock. Le reste, ce n’est pas fait pour rouler en ville l’hiver. Je trouve dommage qu’avec un tarif assez salé – autour de 400 balles quand même – les concepteurs ne l’aient pas doté d’un Pinlock (qu’ils mettent déjà sur beaucoup de leurs modèles en plus).

Autre détail un peu cheap : le système de fixation de la visière et de l’écran. Pas de bouton, de vis, de clic ou de molette. En gros, tu forces jusqu’à ce que ça rentre. Et pour démonter, tu tires comme un sagouin jusqu’à ce que ça sorte. Mouais. Ah c’est sûr c’est simple et rapide, pas besoin de tournevis. Mais bon, il n’y a pas eu gros cassage de cerveau là. En bon maniaque, je n’aime pas trop les trucs « bourrins » comme ça. Tout d’abord parce que je stresse toujours de tout péter en arrachant le truc. Puis parce que c’est mathématiquement appelé à pas super bien vieillir ce genre de système.

Bon allez, j’arrête mes doléances. Attends si, un dernier détail mais là c’est vraiment un critère très subjectif donc ça n’engage que moi : le look. Tout arrondi, avec une grosse mentonnière presque vintage, je ne dis pas que c’est moche, loin de là, mais c’est un peu à contre-courant de la tendance actuelle chez les crossovers qui tendent de plus en plus à ressembler à des anguleux casques de cross. Disons qu’au lieu de se baser sur un casque TT auquel ils ajoutent un écran, Shark sont partis d’une coque de route à laquelle ils ont apposé une visière. C’est un parti pris. Je le respecte. Je ne suis pas fan, mais c’est certainement parce que je viens de l’off road donc je préfère les formes plus affinées. 

Alors, à qui je vais conseiller ce casque ? Je le conseille aux baroudeurs, à ceux qui bouffent du bitume sur des motos d’aventuriers. A l’image de leurs maxi-trails en roues de 17 qui sont d’excellentes routières, ce Shark Explore-R est un très convenable casque de route avec une petite touche d’off-road. Et comme pour ces bécanes dites « SUV », il ne rechigne pas à s’encanailler dans les chemins à l’occaze même si ça doit rester à dose homéopathique. En fait – je ne sais pas si c’est un compliment – c’est un peu mon V-Strom en version casque. Ils vont super bien ensembles d’ailleurs avec leurs formes arrondies et leur beau bleu.

Par ricochet, je ne le conseille pas au trailleux à tétines car il va y crever de chaud dès qu’il va rentrer dans des portions techniques.

Enfin, pour ceux qui aiment pratiquer le grand écart avec un même casque et qui ont une GS et une Harley dans le garage, il a clairement un look custom pas dégueu du tout (et top sur le plan de la sécurité pour le coup). Mais en général, quand tu as une GS et une Harley, tu peux te payer deux casques.

En tout cas, à titre perso et même si je suis une diva, je peux te dire que j’ai un paquet de supers souvenirs avec ce Shark Explore-R. Et à aucun moment il ne me les a gâchés.