Ces deux derniers jours, j’ai passé pas mal d’heures seul sur ma selle, ce qui m’a donné le temps de cogiter à des trucs. Comme par exemple aux petites allusions sur les « blogueurs vendus », qui ne tiendraient tribune que dans l’espoir de glaner une paire de botte à l’œil. Alors – très honnêtement – je m’en tamponne le coquillard de ce genre de mesquineries. Et perso, côtoyant pas mal de blogueurs, je n’en connais  aucun qui se soit mis à raconter sa life dans ce but. Je vous fais donc confiance pour distinguer la passion de l’opportunisme. Peut être justement que nos détracteurs ont tout simplement un peu oublié ce qu’était la première.

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Alors c’est vrai. De plus en plus, le blogueur qui a un minimum de notoriété est courtisé par les marques (enfin, ça reste relatif, ce n’est pas Rossi non plus). Et en effet, c’est révélateur de beaucoup de choses. Faisons un peu le point ensemble.

La première constatation, c’est que la blogosphère commence à être observée par le « milieu de la moto ». Mais ça, c’est à cause de… toi. Les marques, qui veulent vendre, suivent le lectorat. Cela dit, si tu préfères lire l’essai de Cigalou – glandu du coin – plutôt que l’énième copie d’un dossier de presse, le problème ne vient peut être pas du blogueur, ni de toi, mais de ceux qui normalement doivent faire ce taf. Je crois que les médias se sont un peu coupés de la base, des vulgus motardusque nous sommes.

Alors forcément, le blogueur c’est un peu le Uber du journalisme. Il n’a pas de frais d’impression ni de charges à gérer. Avec sa simple « dotation produit », il coûte que dalle aux marques (je commence à connaître un peu l’envers du décors). Il est en général un jeune motard peu expérimenté donc forcément enthousiasmé par du matos supérieur au sien, souvent premier prix. La prise de risque est finalement assez faible. Alors c’est sûr, ce n’est pas parfait, ce n’est pas « pro ». Mais il fait les choses à fond, il s’éclate et il n’est pas blasé pour deux sous. Pour ce qui est de la subjectivité et compagnie, je reste fidèle depuis le début à ma charte de déontologie. Je commence mine de rien à accumuler un paquet d’essais d’équipements. Et forcément, j’analyse certains aspects qui ne m’effleuraient même pas l’an passé. J’apprends au fur et à mesure, je me trompe parfois, de moins en moins j’espère. En même temps, je ne crois pas que les journalistes naissent essayeurs directement du ventre de leur mère. Ils ont dû commencer aussi par un premier essai, puis un second, puis un troisième et ainsi de suite. Perso, j’aime beaucoup cet exercice et je continue avec plaisir à essayer des produits entrée de gamme, à y trouver une vraie pertinence. Ils sont forcément moins bien que les top machins techniques que je teste aussi. Mais il y a un an, j’étais encore ce jeune motard qui comptait chaque euro dépensé pour son matériel. D’où le verdict de mes essais qui s’interroge toujours sur à qui le produit se destine plutôt que d’y foutre une note qui ne veut rien dire. Après un an d’essais, je persiste et signe : il y a rarement de mauvais produits mais beaucoup de mauvais usages.

Ce qu’ont tendance à oublier ceux qui nous moquent, c’est que nous sommes des foutus amateurs. On m’a demandé à plusieurs reprises si je comptais en faire mon taf. Hors de question ! J’ai beaucoup trop le goût du luxe pour ça ! Je préfère de loin ma confortable paye de prof (et mes vacances). Puis en vrai, j’adore mon métier. Du coup techniquement parlant, ne vivant pas grâce à la moto, dur dur de m’acheter non ? En fait, mon amateurisme c’est l’assurance de ma liberté de ton, de mon je m’en foutisme chronique et du fait que le jour où j’en aurai marre, basta. Ce qui ne m’empêche pas pour autant de faire mes bêtises sérieusement.

En revanche, je voulais juste préciser un autre aspect du blogage qui n’est jamais évoqué : combien ça coûte d’être blogueur ? Ben comme toutes les passions, je te le dis tout de go à toi qui serais tenté par l’aventure : c’est une ruine. Je passerai sur les heures et les heures d’écriture, de tournage et de montage de vidéos, de photos, de dessin (pour Botan), de gestion des réseaux sociaux, etc. On se les inflige de notre plein gré, c’est du kif. Par contre, t’as intérêt à être célibataire ou à avoir un copain ou une copine très compréhensif/ve. Un blog, c’est juste le truc le plus chronophage de la terre et ça se gère hors taf, les soirs et weekends. Donc sur ta vie de famille/couple.  C’est d’ailleurs à moyen terme notre talon d’Achille à mon humble avis.

Le blogueur, ça va te paraître débile, roule sur sa bécane et paye son essence. Les marques de moto ne nous font pas encore confiance pour essayer leurs nouveaux modèles. Ça viendra peut-être un jour. Ou pas. En tout cas, au plus tu blogues, au plus tu rencontres des gens sympas, au plus tu vas rouler, au plus tu fous des bornes à ta meule. Mais là, clairement, c’est un coût qui ne me pose aucun problème. C’est même un cercle positif. Sauf qu’à la fin du mois, ouille la note chez Total !

Viennent ensuite les dépenses en matos du parfait petit blogueur. Ben oui. En un an et demi, j’ai lâché pour facile 1 500 euros d’appareils informatiques, vidéo et photo. Ça en fait des paires de bottes quand même… Parce qu’en plus, forcément, t’achètes pas le top de suite, tu passes par toutes les étapes. Et tu sais quoi ? Tout mon merdier est déjà dépassé. Je vais devoir réinvestir. Encore.Matos-vidéo

Et pourtant, j’ai la chance énormissime d’être très très bien entouré : L’aventurier Viking m’a fait économiser le coût de la fabrication et de l’hébergement d’un site (ça fait vraiment mal au larfeuille sinon). Vilebrequin vient de me présenter un logiciel de montage pro de dingue dont vous allez commencer à voir les possibilités (comparé à mon vieux Windows Movie Maker tout pourri). Et je ne vous parle pas des dessins de Botan bien sûr.

En fait, l’esprit blog, c’est surtout ça, de la débrouille, une sorte de chantier permanent et des copains qui s’entraident. C’est cette maison de vacances aux trois-quarts en ruine que tu bricoles avec tes potes. C’est un peu le bordel, il y a un côté camp de manouches mais tu y es tellement bien. Et puis il y a vous, qui nous lisez et nous encouragez à faire toujours plus de choses débiles par vos indispensables commentaires. On est pas dans un lointain courrier des lecteurs mais dans du direct live. Alors que nos détracteurs continuent à nous qualifier de vendus pour un casque s’ils le souhaitent, ils ne pourront pas salir la beauté de ces rencontres, de ces collaborations et de toute cette émulation créative. C’est souvent bancal, souvent mauvais même et ça ne durera certainement pas dix ans, mais putaingue qu’est-ce qu’on s’amuse ! Dites les « pros », juste une question, c’est quand la dernière fois que vous vous êtes amusés ?

En tout cas, si des journaleux veulent bien descendre de leur tour d’ivoire et voir à quoi ça ressemble un vil blogueur, voire même venir jouer avec lui à l’occaze, qu’ils n’hésitent pas. Promis, je mors pas.

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Tchin !

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