Notre quête du saint Jambon-Beurre
Trop de beurre, jambon reconstitué, baguette trop cuite… Le sandwich préféré des français est trop souvent bafoué ! Mais où diantre dénicher le parisien parfait ? Pour répondre à cette question, nous avons dû arpenter les moindres recoins de l’Hexagone. Ainsi après un voyage de 5 mois en couple en side-car Ural, 132 nuits sous la tente, 315 sandwichs et 18 000 km de départementales françaises, nous te livrons le fruit de notre odyssée. Bonne lecture !
Pourquoi ce périple hexagonal à moto ?
Ayons les tripes d’avouer que ce trip a un triple objectif :
– En premier lieu ? Visiter le plus de boulangeries possible afin de dresser un constat clair et précis sur l’état du jambon-beurre en France et potentiellement créer un Trip Advisor dédié à l’illustre sandwich.
– Second objectif, se mettre en conditions pour notre petite promenade à venir. Une boucle France – Kirghizistan de 40 000 bornes, retardée pour cause de virus pas sympa.
– Dernière mission ? Écrire un bouquin compilant incontournables et plus belles départementales. C’est parti pour un repérage de 5 mois ! Spoiler alert : pari réussi ! Ainsi, si tu as les jantes qui démangent ou la poignée de gaz qui titille, notre livre « Week-ends à moto, 50 itinéraires insolites en France » aux éditions Larousse, regroupe 50 virées à moto à travers toute la France (traces GPX incluses). Il est disponible en libraire et sur internet. Tu n’as plus aucune excuse pour ne pas aller déguster une fricadelle dans le Chnord !
Comment a-t-on préparé l’itinéraire de ce road-trip quadrillant la France ?
Alors évidemment, nous ne sommes partis la fleur au fusil. Il nous aura fallu pas moins de 2 mois pour préparer le tracé général !! Notre méthode ? Lister les boulangeries, évidemment, mais surtout les incontournables de chaque région. La tâche la plus ardue a été de les relier intelligemment en privilégiant de jolies petites routes de campagne.
Pour ça, nous avons fait appel à des motards un peu partout en France, avec globalement le discours suivant « Salut Michel, c’est quoi les routes sympas que seuls les gars du coin empruntent ? » Évidemment, pour protéger nos sources, nous avons modifié le prénom. Michel n’existe pas. Ou peut-être que si… Et puis, ici et là, nous avons du recourir à Google Map et Street-View pour s’assurer que notre tracé théorique était effectivement bitumé. On en a fait des kilomètres devant notre écran !
Quel est notre monture pour ce roadtrip franco-français ?
Notre quête du Saint Jambon-Beurre nous menant en Ecosse auvergnate, au Colorado niçois ou encore en Mongolie du Cézallier, nous devions jouer la carte de l’exotisme. C’est pourquoi nous avons parcouru ces 18 000 bornes en sidecar Ural. Cette machine de guerre soviétique est notre fidèle destrier depuis quasiment 2 ans. Tu te souviens ? Nous t’en avions déjà parlé lors de notre article traitant du mariage entre le voyage et le masochisme.
Faisons simple. Ses qualités ? Capacité d’emport énorme, dépannabilité géniale, machine de tout-terrain étonnante et un capital sympathie formidable. Les mauvais côtés ? Une conso variant entre 8 à 10 litres au 100km. Une fiabilité pas extra qui t’impose quasi-quotidiennement, à resserrer tel écrou, vérifier le niveau d’huile, reconnecter une cosse, etc… Mais bon, on ne peut pas avoir le beurre et la crème fraîche dans un même sandwich, non ?
Comment s’est déroulé ce tour de France en side-car Ural ?
Résumer 5 mois de voyage chronologiquement serait barbant. Intéressons-nous seulement aux meilleurs sandwichs et aux événements marquants tels que les belles surprises et les grosses galères. Mi-mai 2021, nous partons de Nantes. Au programme ? Deux boucles : une pour la moitié nord du pays, la seconde pour la moitié sud.
Arpenter la moitié nord de le France à moto
Nous débutons par une région que l’on affectionne particulièrement : le plateau de Millevaches. Ce qu’on adore ? Ses forêts, ses lacs, ses habitants, et puis on ne vas pas se mentir, on y mange bien. Après avoir traversé le Berry et le Val de Creuse, territoire chéri des peintres impressionnistes, nous découvrons un paradis pour motard : le Morvan. Nous en avions entendu les mérites et on peut dire que de Vézelay à Autun, nous n’avons pas été déçus.
Puis, nous rallions notre première surprise : la Haute-Marne. À priori, rien de sexy, non ? Et pourtant, paysages champêtres, villages médiévaux, virolos en forêt, tout y est ! Mention spéciale pour la sublime ville de Langres avec son camping municipal sur les remparts.
Malheureusement, il ne faudra pas attendre longtemps pour vivre notre première vraie grosse galère. Un sandwich avec du beurre doux ? Non je te rassure, c’est moins grave. Nous avons juste tordu le bras oscillant de l’Ural. Après avoir tenté une figure libre dans un lacet du ballon d’Alsace, nous avons foiré la réception. Fracture ouverte pour notre destrier, avec désintégration des croisillons de cardan, flinguage du flector et un déssoudage du bras. Le temps de recevoir les pièces, nous repartirons 15 jours plus tard… Bon, ça nous laisse le temps d’explorer les Vosges et l’Alsace…
Après avoir découvert les Ardennes et pris la drache en Lorraine, nous atterrissons dans le Chnord. Nouvelle surprise. Pourquoi ? Euh, pas vraiment pour sa gastronomie. Mais plutôt pour ses paysages géniaux notamment avec les caps blanc nez et gris nez, son histoire riche et surtout l’accueil incroyable qu’on y a reçu. Côte d’Opale, côte d’Albâtre, l’eau est gelée mais les décors valent le coup !
Nous longeons la Seine et ses boucles, arpentons l’étonnante route des chaumières pour ensuite arriver en région parisienne. Y aurait des virolos dans le coin ? Dam, oui ! On a notamment apprécié le Vexin avec ses falaises, ses habitats troglodytes et sa petite route des crêtes. On s’éloigne de la capitale vers le Perche et les Alpes mancelles, où nous prenons un bon bol d’air rural dans des paysages charmants. Et d’un coup on se retrouve en Suisse. Quoi ! En Suisse Normande !
Nous tombons ensuite simplement amoureux du Cotentin. Mais chut ! Les Normands sont déjà assez fiers de leur région comme ça. N’en rajoutons pas. Après une exploration approfondie des Abers bretons et une entorse au jambon beurre au profit de la galette, elle aussi au beurre, nous voilà de retour sur Nantes.
En route pour la moitié Sud de la France à moto
C’est reparti ! Charente, Périgord, nous atteignons le Quercy. Mais comment un territoire peut-il cumuler autant de merveilles ? Rocamadour, la vallée du Lot, le Gouffre de Padirac, Saint-Cirq-la-Popie…
Autres grosses surprises ? Le Puy-de-Dôme et le Livradois-Forez. De vrais paradis pour prendre de l’angle. Les monts du Forez regorgent de virolos de montagnes ponctués de panoramas incroyable. Cerise sur le gâteau : l’asphalte est un vrai billard.
La suite, on la fait courte. Énorme coup de cœur pour le Beaujolais avec ses vignobles vallonnés coiffés de forêts. De Thonon à Menton, notre traversée des Alpes est ponctuée de WOW et de « c’est trop beau !». Quelle région splendide !
Arrivés dans le sud-est, nous avons adoré le Colorado niçois mais détesté les niçois (désolés). Après avoir fait une overdose de décors grandioses entre le Vercors et l’Ardèche, nous profitons ensuite de notre passage en Camargue pour exploser notre flector. Tu vois de quoi on parle ? Cette grosse pièce en caoutchouc qui sert d’amortisseur de transmission. Bon, c’est de notre faute. Nous avions dû picoler avant de commander la pièce. Résultat, elle était carrément sous-dimensionnée et les effets n’ont pas tardé.
Nous arrivons maintenant en Cévennes et Causses. Alors là, on est en droit de se poser une question. Pourquoi tant de joyaux de la nature sont regroupées dans une même région ? Les gorges du Tarn, de la Jonte, de la Dourbie, le plateau du Larzac, le chaos rocheux de Nîmes-le-vieux… Ça fait un peu beaucoup vous ne trouvez pas ? Traversée des Pyrénées d’Est en Ouest, là encore c’est fracture de la rétine sur cécité temporaire pour cause de panoramas fabuleux.
Nous finissons ce périple en beauté en flinguant notre embrayage à 400 bornes de chez nous. C’est ainsi que nous passons une semaine dans le bordelais à attendre que les pièces arrivent. Il y a pire région pour passer le temps, non ? 18 000 bornes, 315 sandwichs, 132 nuits en tente, un bras oscillant et un embrayage plus tard, nous voilà de retour au bercail.
Top 9 des motos que l’on a eu la chance de tester
En parallèle de notre dégustation de sandwichs, nous avons aussi régalé nos esgourdes de douces sonorités mécaniques. Pardon ? Et oui, afin de varier les plaisirs (et les photos de notre livre), nous avons posé nos précieux séants sur moult montures. En voici notre top 9. (Ouais, y en a marre des tops 10).
9 – Harley Electra Glide
Si cette bécane était un sandwich, ce serait sans doute une tour de 10 steaks servie en Kebab. Une surenchère de poids, de vibration et de prix, au final peu pratique à l’usage.
8 – Triumph Tiger 900 Pro GT
Le wrap vegan sans gluten avec supplément quinoa. Tu saisis ? La bécane est bardée d’électronique, high tech au possible, avec des suspensions sans doute développée par la Nasa. Ça fait incroyablement bien le boulot mais on préfère quand c’est plus pimenté, plus mécanique.
7 – FB Mondial, HPS 300
En voilà une métaphore sandwichstique difficile. Serait-ce un panini ? Oui, sans doute. Car cette bécane est simple, sécurisante, peu chère, c’est une très bonne entrée en matière dans le monde de la moto. Et en plus, elle a un look d’enfer !
6 – BMW R nineT Scrambler
Le bagel bacon et avocat servi par un hipster armé de gants noirs. Ce qu’on a adoré ? Digne héritage des scramblers, tout est épuré. La ligne, le tableau de bord, les accessoires, il n’y a que l’essentiel. Mais dans néo-rétro, il y a néo, et pour le coup la gestion de l’accélération est très frustrante.
5 – Triumph Bonneville T100
Simple, élégante, oldschool, avec une vraie tronche, la Bonneville est un fish & chips accompagné d’une bonne sauce tartare. Mais c’est gras, non ? Oui, c’est justement ce qu’on reproche à l’Anglaise, un manque de peps et vivacité.
4 – Indian Chieftain Dark Horse
Voila un bon gros burger, débordant de pulled-pork, dégoulinant de sauce. Tu vois le délire ? Le pur plaisir coupable. Ce n’est pas raisonnable, mais qu’est ce que c’est bon !! Ce vibro de 380 kilos est une pure machine à plaisir.
3 – Suzuki Vstrom 1050
La baguette jambon de pays, chèvre et tomates séchées. Sous son apparence proprette et sage, cette moto est très étonnante et savoureuse. Elle t’invite à prendre de l’angle en toute sécurité. Quant au moteur ? Discret mais alors quelle gouache !
2 – Yamaha Tracer 900
Le club sandwich laitue, tomate, bacon œuf, mayo, supplément poulet. Ouais, c’était difficile de trouver la bonne métaphore. Alors pourquoi ? Parce que la Tracer est la bécane efficace et protéinée au possible. Juste ce qu’il faut d’électronique, pas de fioriture, c’est propre, carré, puissant. Un avion de chasse agréable à piloter pour les longs voyages.
1 – Royal Enfield 650 Interceptor
LE jambon beurre par excellence. Ouais, ouais, avec un LE majuscule. Pourquoi ce titre honorifique ? Parce qu’elle offre absolument tout ce qu’on peut rechercher pour sa bécane de tous les jours. Une conso ridicule, une gueule géniale, une conception simple, un moteur fiable et un confort tout à fait correct. What else ?
Et voilà que notre sainte quête du jambon-beurre touche à sa fin. Aura-t-on déniché le Saint Graal ? Ou bien, cette croisade ne fut qu’une vaste fumisterie, un prétexte bidon pour explorer notre superbe France ? Une chose est sûre : notre pays est fantastique. Ce road-trip par les petites routes nous aura permis de le (re)découvrir, et c’est déjà pas mal.
Notre livre : Week-ends à moto, 5O itinéraires insolites en France (traces GPX incluses) aux éditions Larousse, est disponible en librairie ou sur internet via les sites de vente en ligne.
Bonjour à vous,
voici que je reviens de mon tout premier road-trip, 5500km en 18 jours avec mon épouse, j’ai eu l’occasion d’utiliser deux de vos parcours, Cévennes et causses et le pays basque, je tenais à vous dire que vous avez réaliser un boulot MAGNIFIQUE, grâce à cela j’ai pu découvrir des routes et des paysages extraordinaire.
Suite à cela, je peux vous certifier que je vais parcourir la France avec Vos parcours, car sans nul doute, vous avez réussi un exploit avec votre bouquin.
Pour cela je tenais à vous dire merci, car des personnes comme moi qui sont un peu nul et ou qui n’ont pas envie de préparer un road trip pendant des heures et des jours sans être certain d’avoir fait le bon choix seront conquis par vos parcours, la facilité de télécharger les fichiers et de suivre gentiment vos conseils.
Un tout grand merci à tous,
Eric
Bonjour Eric,
Un énorme merci pour ton message !
Ce livre représente beaucoup de travail et d’investissement pour nous, alors tu n’imagines pas au combien ton retour nous fait chaud au cœur. Ce fut assez compliqué de jauger le bon compromis entre l’état de la route et son intérêt panoramistique. Ton commentaire nous conforte dans nos choix 🙂
On souhaite de beaux road-trips sur les belles petites routes de notre hexagone !
Encore un grand merci à toi !
Marion & Jérémy