Je l’ai depuis des mois. On ne peut plus vintage et gentil que ce petit jet à même pas 60 euros, frais de port inclus. Je l’ai eu sur E-Bay, ou sur Amazon, ou Ali Express, ou Baba machin. Je ne sais plus. J’ai la flemme de chercher la facture.
C’est qu’il sait rester classe sous ses faux airs cabossés le bougre de jet. Se donner l’air d’avoir vécu plusieurs vies de chat errant, n’est-ce pas la maxime de notre époque pour pas mal de monde ? Une vie terne, sans pour autant être défavorisée, bien au contraire. Mais qu’à cela ne tienne. Le capitalisme saura bien proposer les oripeaux d’une façade rebelle. Des têtes de mort en strass, des tatouages effrayants de technicité, des mines patibulaires travaillées dans le miroir du barbier tout en mitonnant des business plans destinés à révolutionner la vente de gadgets connectés censés sauver les consciences, à défaut de sauver la planète.
J’ai des casques dégueulasses, croutés de l’intérieur et tout rayés de l’extérieur. Personne ne m’a jamais félicité pour leur patine. Ils ont pourtant affronté les cyclones et le soleil brulant des tropiques. Tout délavés. Ils ont rebondis par terre dans le bitume, et je les ai posé sur des supports plutôt abjects. J’ai ri et pleuré avec ça sur la tête. J’ai peut-être même chopé des poux dedans à cause des mômes. Et oui. C’est moins glorieux que de prendre la pause à Salt Lake City en se prenant pour Burt Munro.
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