Alors que le souvenir du premier confinement commençait à peine à se dissiper, l’envie de démesure, de route, de paysages inconnus grandissait en moi. Je n’étais pas une exception, je crois. D’autant que des changements radicaux se profilaient dans ma vie personnelle et professionnelle. Le genre de changement qui te poussent à penser que des occases comme celle-là ne se présentent pas souvent. Alors j’ai décidé de prendre une semaine début octobre pour me goinfrer de route, bouffer du pneu, cramer de l’essence jusqu’à l’écœurement, si jamais cela fût possible. Nous étions fin juin.

Ce genre de projets, j’aime les partager. Alors même si l’idée de départ était de partir seul, de me retrouver en tête à tête avec moi-même, de camper dans les forêts, de me nourrir de baies, de fougères et d’écureuil, de ne rien faire d’autre que rouler, manger et dormir, de rentrer enfin chez moi hirsute, vêtu de guenilles, empestant la boue et l’essence à trente mètres, je n’ai pas pu refuser à David et Benoist (les sauveurs de Cigalou lors du Vercors 2019) de m’accompagner.

Vercors 2019

L’une des clés du succès quand on part en groupe, c’est de connaître tes coéquipiers. Ici, aucun problème puisque nous nous connaissons depuis près de dix ans, que nous avons souvent roulé et bivouaqué ensemble et que, côté caractères et affinités, nous sommes trois connards assumés et conscients de ce détail. Le danger aurait plutôt été d’embarquer avec nous un gars gentil, sociable, qui aime tout le monde. D’une parce qu’on n’aime personne, de deux parce qu’il nous aurait vite gonflé et qu’il aurait rapidement terminé son trip aux urgences à grands coups de démonte-pneu dans les genoux.

Nous sommes donc partis à trois. Trois connards.

A l’origine, j’avais vu les choses en grand. L’idée de départ était de faire une sorte de tour de France sur une semaine, en procédant par sauts de puce entre divers endroits méticuleusement choisis. Partir sur les châteaux de la Loire et bifurquer assez rapidement vers la Gironde, les Landes, Montauban, remonter gentiment par le massif central avant le retour au bercail.

Malheureusement, l’idée d’arrivée fut toute autre. En effet, si l’automne 2019 avait été plutôt clément, l’édition 2020 était à l’image de tout le reste de cette année : merdique. La semaine précédent le départ, en regardant les prévisions météo désastreuses, nous avons tenu un conseil de guerre. Après concertation, nous sommes tombés d’accord sur un point : pas plus de deux bivouacs consécutifs sous un gros temps de merde. Rouler frais et reposé, c’est 50% de risque d’accident en moins. La feuille de route a aussi été revue en conséquence. Elle a été généreusement amputée du quart sud-ouest (ce qui fût le plus dur à digérer pour moi, vu que c’était mon objectif principal).

2 mousquetaires sur 3

Lundi 5 octobre, 14h. Enfin, nous y étions. Après avoir rejoint David chez lui dans l’Ain, nous prenions la route pour passer notre première nuit chez Benoist dans l’Aube. En arrivant chez lui après 7 heures de route sous des seaux de flotte et un vent si fort qu’on aurait pu rouler à la voile, on était convaincus que non, faire une semaine entière dans ces conditions avec en guise récompense quotidienne une tente et un duvet trempés pour dormir, c’était pas notre truc.

Cap vers le couchant, fils !

Après le repas, nous avons donc poussé les assiettes sur le côté de la table, gardé les verres à portée de main et sorti la carte Michelin. En parallèle, nous avons jeté un œil sur les prévisions météo des jours à venir avec pour plan d’attaque le suivant : si il y a un peu de soleil quelque part, on le suit. On en annonçait sur la Normandie, je voulais voir les plages du débarquement depuis longtemps, l’histoire était réglée.

Le lendemain à la première heure, nous allions affronter Paris et goûter l’air du large.

A suivre…

Régis vit en Haute-Savoie. Unique héritier d'une longue lignée de non-motards, fasciné depuis sa plus tendre enfance par tout ce qui a un moteur entre deux roues pour des raisons toujours obscures. Curieux de nature, autodidacte dans bien des domaines, condamné à mort par contumace dans plusieurs pays d'Amérique latine, il a fini par découvrir que son amour de la moto était non seulement aussi fort que celui qu'il a pour l'écriture, mais qu'en plus l'un nourrit l'autre.
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11 Commentaires

  1. ‘Tain mon Réré j’aurai kiffé, tel le 4e mousquetaire, être le 4e connard. Je te hais.
    Finis ton histoire, je m’abreuve en attendant la suite, fumiers ?

    Tonton ✌

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