« Oula, c’est pas passé loin ». Cette petite phrase, quand on roule à moto, on se la dit souvent, très souvent, dans son casque. Un évitement d’urgence, une plaque de graviers, je ne compte plus les fois où ce n’est pas passé loin. Sauf que ce samedi matin là, ben ce n’est pas passé du tout. En une fraction de seconde, je me retrouvais glissant sur le sol. Je venais de vivre ma plus grosse gamelle à moto. Retour sur une histoire… de merde.
La première question, c’est qu’est-ce que foutais à 6h du mat’ à traverser comme une balle le plateau ardéchois à la lueur des bougies faisant office d’éclairage sur mon petit SV ? Ben c’est la faute de Rémi. De toute façon, c’est toujours la faute de Rémi. Je m’explique. Ce samedi là, on avait rendez-vous à 8h à Coucouron avec les copains pour finaliser la trace de la Rando TT Pirate. Je devais avant récupérer mon enduro chez mes parents et y laisser le SV. SV avec lequel Rémi repartira le lendemain afin que son croulant XTZ soit un minimum retapé par mon paternel avant la Pirate. Bref, tout ça pour dire que sans Rémi, je serai monté en bagnole avec le chauffage et la radio comme une grosse feignasse douillette que je suis. Et j’aurai eu bien raison !
Foutu verglas altigérien…
Me voilà donc sur une de mes routes préférées (Privas – Mézilhac – Coucouron par Le Béage) en train d’enchaîner les virages dans une nuit encore noire. J’ai une pêche d’enfer, le bébé nous a enfin laissé dormir après quinze jours de galère. Comme à chaque fois, j’ai cette sensation unique de danser avec mon SV plus que de rouler. Ce trajet que connais plus que par cœur, je le rentre en 1h05, ridiculisant à chaque fois la Google-car et ses 1h30 petit-bras. Ce prologue à ma journée d’off-road touche d’ailleurs à sa fin, je suis presque à l’entrée du hameau précédant Coucouron. Trajet sans histoire jusqu’à présent si ce n’est un lapin qui avait traversé la route un peu plus bas. Ce n’était « pas passé loin ». La route est étroite – comme toutes routes là-haut – mais rectiligne, j’ai l’entrée du hameau en visu, le regard accroché au prochain virage devant le mur du cimetière. Je suis en train de décélérer en douceur mais je suis encore à une vitesse élevée.
Soudain, l’avant de ma moto s’effondre sur la gauche, par réflexe, j’envoie tout à droite pour la redresser, la moto bascule alors violemment sur le côté droit et elle m’éjecte. J’ai l’étrange sensation de continuer à avancer dans l’air. Techniquement parlant, je vole. Puis j’atterrie, enfin, ça tient plus du crash que de l’atterrissage. Je sens mon casque frotter sur le bitume. Je glisse, je glisse. Quand je m’arrête, je suis dans le hameau, presque au niveau du cimetière. Ironique. Ma moto est allée moins loin que moi. Elle gît au sol, couverte de mousse blanche. La grosse bombe anti-crevaison que j’avais dans ma sacoche arrière a explosé durant la glissade et laissé une longue traînée blanche sur le bitume. Bitume entièrement recouvert de bouse fraîche sur une dizaine de mètres. Pas besoin de chercher plus loin les raisons de la chute…
Dans l’après-midi, nous sommes revenus mesurer (et ramasser des morceaux) avec mes parents : J’ai glissé – au minimum – sur 35 mètres. C’est long, 35 mètres. C’est surtout une sacrée chance de ne pas avoir croisé d’obstacle sur une telle distance !
Stupide rallyeman !
Mais pour l’heure, je suis en train de relever le SV. Il redémarre au quart de tour. Bon point. Une inspection rapide me permet de constater que je n’ai plus de pédale de frein, plus de cale pied droit et que la (coûteuse) platine maintenant le tout est pétée. C’est le point faible de cette moto. J’avais eu la même casse au Rallye des Volcans, je ne m’affole donc pas. Le guidon est tordu mais ça peut le faire. J’ai mal aux poignets mais je sais que tant que je suis chaud, ça ira. Je saute sur la moto. Je ne suis qu’à 20km de petites routes de chez mes parents, ça va le faire. Est-ce que j’ai pensé à appeler du secours ? A aucun moment : je tenais debout et ma moto roulait, c’était suffisant pour rentrer aux stands. Réflexe stupide de rallyeman.
La douleur est arrivée durant ces 20 km. Je n’avais plus que le frein avant et à chaque virage, l’attraper me lançait dans le poignet droit. Ma jambe droite, pendant dans le vide faute de cale-pied, m’oblige à me tenir essentiellement sur la moto avec les bras. Le poignet gauche commence aussi à me piquer. Je me dis qu’avec un peu de chance, ce n’est que le coup. Pour abréger le calvaire, alors que l’aube se lève timidement, je décide de prendre une « gravel road » défoncée (trace de la Pirate de l’an passé, sic) m’offrant un beau raccourci. A chaque fois que la fourche du SV talonne dans une ornière je vois un peu les étoiles mais ça va, je suis bientôt à la maison.
Plâtré !
Direction l’hôpital, mais avant, je demande à mon père de faire un crochet par Coucouron. Les Dirty Guides font devoir finaliser sans moi la trace de la Pirate, lourde responsabilité. Alors que je leur donne mes dernières consignes, la douleur arrive pour de bon.
Un serrage de dent plus tard nous voilà aux Urgences du Puy-en-Velay. Je suis rapidement pris en charge. Le toubib – un motard super sympa – m’apprend que je n’ai pas le poignet mais le coude pété. La fracture est au niveau du sommet de l’os de l’avant-bras, là où il s’emboîte dans le coude. Il m’annonce 6 semaines de plâtre. Le chirurgien, plus optimiste, propose de faire un premier point dans 11 jours. On verra bien…
Et maintenant ?
Voilà donc 3 jours que je suis plâtré jusqu’à l’aisselle. Je ne suis pas en colère d’être tombé. Je ne m’invente pas de responsable (à part Rémi, mais c’est juste pour l’embêter). Je ne me flagelle pas non plus. Cette fois, ce n’est pas passé, c’est tout. Il n’y a rien de plus à dire. Je suis un motard. Intrinsèquement je veux dire, c’est pas une posture à la con, un état d’esprit ou je sais pas quoi. Je suis un motard. J’ai toujours eu pleinement conscience d’être en sursis à chaque fois que j’enfourchais une de mes machines. Mais je le fais. Pas de grande révélation post-chute donc. Si ce n’est que sans bras droit, ben je sers encore plus à rien que d’habitude à la maison. Dans les faits, c’est surtout ma copine qui subit les conséquences de l’accident. Et ça, c’est injuste…
Je fais simplement le constat logique que sur ce même type de route et, hélas souvent, de revêtement, en rallye, je vais deux (voire trois) fois plus vite. Autrement dit, c’est encastré dans le mur du cimetière que je termine ma glisse. Avec mon vieux SV façon « sleeper » sans aucune assistance je pratique juste un des sports les plus dangereux au monde. J’ai décidé de réfléchir à ça durant mes mois de convalescence.
Parce que si le risque à moto c’est acceptable. Si les coûts d’une énième réparation du SV, c’est tolérable. Si la douleur en permanence, malgré l’opium que je m’enfile, c’est gérable.
Ne pas pouvoir prendre mon fils dans les bras alors qu’il pleure, c’est horrible.
BOUSE ALORS!…
Et bien.. que dire à part OUF! et bon rétablissement Quentin…
Tu viendras quand même lever le coude (l’autre) avec nous à la TT hein?!
Aouch !
Bon on se dit toujours « j’ai eu de la chance ! » « ça aurait pu être pire ! » car ça peut toujours être pire.
L’important est que tu puisses encore entendre ton fils pleurer.
Courage pour les 6 semaines de plâtre… car il va manquer ce bras droit !
Pour s’habiller… Sous la douche… etc.
RdV à Courcouron ?
Pauv sale gosse te voila piéton pour un moment , je compatis à ta douleur , il m’est arrivé à peu prés la même chose cette semaine , un caisseux arrété en plein virage sérré sans visibilité , pour demander sa route .. .Freinage d’urgence et gamelle sans le toucher et sans dégat pour moi La roue arrière bloquée chasse, je rétablie , essaie de le contourner par la droite mais la moto penche , ma vieiile tdm trop lourde pour moi m’entraine sur le bitume .
, juste un clignotant et poignée de frein tordu
Je te souhaite bon courage et bon retablissement .
PS : profites en pour faire de gros bisous à ton héritier .
Juste pour te rassurer, il n’y a pas que les rallymens qui remonte sur la bécane après la gamelle…
je l’ai compris avec ma première moto, un DT125 mod98 débridé, lors de ma première gamelle… la première chose à laquelle j’ai pensé en me relevant c’était « MA BECANE!!! »
20 ans après la conduite se veut beaucoup moins risquée avec mon Fazer et ses bons vieux carbus.
Une chance pour toi d’être tombé en rase campagne, j’ai pris 90% de mes gamelles à Paris, et là tu as de l’obstacle en pagaille, se remettre debout tout de suite relève d’une chance qui ne m’a jamais quittée…
Maintenant, quand l’adrénaline grimpe, je pense à ma fille de 22 mois et à son frère ou sa soeur qui est en route… ça calme et on en revient aux plaisirs simples de la moto…
bonne route à toi et bon rétablissement.
« J’ai décidé de réfléchir à ça durant mes mois de convalescence ».
Cette phrase me rappelle une planche du JBT….
A quoi vas-tu réfléchir ?
– Au danger,
– Au risque,
– Ou a améliorer ta brèle pour que la prochaine fois ça passe….
Philippe
Bises et soignes-toi bien.
Ça passe pas a tous les coups !
Je m’en suis aussi mis une bonne sur piste (clavicule cassée entre autre) et pourtant j’ai jamais remis en question la pratique de la moto….bizarrement par contre depuis mes chronos ne sont plus les mêmes
L’aspect psychologique de la chose tu ne la gere pas completement !
Remet toi bien, on ce donne rendez-vous a la TT pirate ça te changera les idées.
Ps: tu vera 1 mois et demi platré c’est lonnnnnnnnggggggg.
Bon courage, je ne peux que comprendre, j’ai vécu la chute, la casse et le plâtre (pied, plus atèle épaule gauche et coude droit) quelques semaines… et oui, c’est très dur de ne plus pouvoir assumer son rôle de père à la maison !
Mais le temps fait passer tous ces mauvais souvenirs….
Le plus important dans ces cas là c’est de tirer des leçons, de comprendre ses erreurs. C’est comme ça qu’on acquiert l’expérience. Bien sûr, personne n’est à l’abri d’une gamelle, mais si elles servent à quelque chose, c’est bien à éviter et à anticiper la prochaine.
Parce que ton petit bonhomme préfère certainement voir son père déguisé en momie qu’entre quatre planches… Et nous aussi !
Mais quelle histoire de « merde »!!!…… à mon avis il faudrait retenir la même logique que l’idée que marcher dans la « bip » du pied gauche porte bonheur, sauf qu’en brèle pas de roue gauche ni de roue opposée si je n’m’abuse…Il est donc temps de créer un nouveau dicton: Lorsque la bouse t’apporte la loose, ta trajectoire tu optimisera, dans la vie ou sur la route à 2 fois tu réfléchira…. Bon OK c’est un dicton à 2€…L’important avec cette histoire c’est que la tienne continue ; ) remet toi bien.
Pas de bol ! décidément les bouses de vache sur les recos de la rando TT pirate c’est jamais bon… Mois je n’avais rien eu a part une écope fendue…
Bon courage pour toi et remet toi bien !
Pour info mon excuse pour ne pas être présent à la pirate de cette année est arrivée avec un peu d’avance le 12 et s’appelle Zoé !!!
On pourra monter la bandes des pirates papa qui roulent tranquille pour ne pas prendre de risque… Mais c’est un peu long comme nom faudra trouver mieux…
aller courage ! imagines que ça aurait pu beaucoup plus mal finir.
Serres les dents ça va passer.
Me suis cassé plusieurs fois. L’avantage c’est que quand tu as touché le fond chaque jour est un pas vers l’amélioration et ça c’est hyper motivant.
Tu pourrais au moins passer par l’auto-correcteur de Word ça devient n’importe quoi 😛 Je te taquine mais c’est de bonne guerre ^^
Je ne crois pas qu’il y ait besoin d’un mioche pour savoir que la moto c’est dangereux ^^ mais contente pour toi que ça n’ait pas été plus grave !
Soigne toi bien, quel dommage que tu sois privé de Rando TT que tu passes tellement de temps à préparer !
Courage Cigalou 😉 grosse bise à toute la famille.
Ah les bouses de vaches….!
J’ai eu la même surprise de me retrouver glissant longuement de nuit sur le bitume sans rien avoir compris.
Ce n’est qu’en inspectant le bonhomme et la moto que les traces verdâtres et odorantes m’ont fait comprendre !
Retapes toi bien !