Quand en mai, tu as droit à deux jours fériés dans la semaine, avec tout ce que ça implique comme passerelles, ponts et même viaducs, c’est fait carrément ce qui te plaît. Il y a un an de ça, ça aurait impliqué un bon moto-trip à base de bivouac sauvage, de tromblons en rade et d’arsouille avec les copains. Oui, mais ça, c’était avant. Entre temps, une bonne partie de la bande a été atteint de paternité aïgue et de son redoutable effet secondaire “le permis de rouler”. Celui-ci n’est pas délivré en préfecture, mais par celle qui va devoir se taper les pleurs, bains et changements de couches pendant que tu roules le nez au vent.
Fait intéressant, nous avons constaté que la durée de cette autorisation à être un père indigne était proportionnelle à l’âge du bébé. Mathieu se trouvait en plein vide juridique : l’aînée est suffisamment grande, le second pas encore là, paf, il obtient illico un permis de 72h ! 72h vous vous rendez compte ? Trois jours de roulage ! Olivier de son côté reprenait la moto après presque 9 mois d’abstinence paternelle en négociant habilement un permis de 48h. De mon côté, avec seulement 3 mois en “crédit”, je pesais pas gros dans la balance, ce sera une dizaine d’heures avec obligation de rentrer avant la nuit. On prévient Rémi, lui il est encore trop jeune pour avoir des mioches, alors il est allé demandé à sa mère son permis de rouler. Elle lui a dit qu’elle s’en foutait, qu’il était majeur et vacciné. Alors il s’est barré une semaine…
Et maintenant, il ne s’agissait plus qu’à faire coïncider – à la dernière minute bien sur, sinon ce ne serait pas drôle – toutes ces permissions de rouler pour s’offrir une belle sortie entre copains. Rémi, parti le lundi, devait rejoindre Olivier chez moi le jeudi soir. Et le vendredi matin nous irions jonctionner avec Mathieu roulant déjà depuis la veille. Comment ça c’est un mic-mac incompréhensible ? Bon faisons plus simple : Une journée, une météo parfaite, le plateau ardéchois, des potes. Gazzzzz !
Pendant quelques heures, nous n’avons plus été de responsables darons en monospace mais de nouveau une bande de sales gosses le regard rivé sur le feu arrière de celui devant et la main essorant rageusement la poignée de l’accélérateur. C’était con, mais tudieu que c’était bon. Entraînés dans les vapeurs d’essence brûlées du 800 VFR virtuosement piloté par Mathieu, nous avons enchaîné cols, gorges et sommets à fond les ballons. Depuis le Moto Tour, mon pauvre SV avait dû se contenter de bêtes trajets quotidiens (les rares jours où il n’y avait pas de neige). Quelle sensation ultime que de le faire à nouveau monter dans les tours, allongé sur son réservoir en recherche de vitesse. Doubler, être doubler, faire l’intérieur, se faire bouffer au freinage, remettre les gaz, repasser, déhancher, éviter cette plaque de gravier et remettre encore les gaz. C’était un pur tourbillon de sensations. On s’est arsouillé comme des sagouins toute journée, jamais légalement mais quand même toujours prudemment (comprendra qui veut).
C’était tout comme avant. Enfin, à une différence près. Quand pendant la pause café, une fois passés les éternels “je t’ai bien pourri” et la mauvaise foi qu’ils impliquent “passé 948m d’altitude mes carbus ne suivent plus”, vient le moment où l’on discute vraiment. Et c’est de nos mioches que l’on parle, en montrant fièrement aux copains les milliers de photos de leur trogne stockées sur nos téléphones.
Et là, soudain, ils nous manquent terriblement. Rien à faire, on est des darons.
Et encore, concernant la préparation (?!?), c’est un récit bien édulcoré que voila. Je suis passé dans le coin la veille, et c’était plutôt Pagnolesque.
Philippe
Rassurez vous, ça ne dure pas longtemps. Dans à peine 18 ans, ils ne vous manqueront presque plus 🙂
Dit le multirécidiviste qui vient d’en reprendre pour 17 ans… 😉
😉
je vais vous pourrir le moral mais vous en prenez pour beaucoup plus que ça .
Vous vous rendez pas compte , mais vos mioches vont vous faire des petits mioches que vous allez cherir encore plus que les votres puisque vous avez même pas l’éducation à faire et que c’est la continuité de votre sang (bande de fiérots) …
Croyez moi avex une fille de 50 piges une autre de 45 qui ont toujours besoin de leur dady ansi que trois gamines de 20 , 16 et 7 ans j’ai pas encore fini d’être au garde à vous l’arme au poing pour proteger ce que j’ai de plus cher au monde …
Régalez vous , chérissez vos nains , vous avez devant vous le plus beau combat de votre vie .
papyyam
Bonjour les papas!
C’est rigolo, mais le père Cigalou a couché sur papier une sensation bizarre que j’ai avec mes 3 mouflets entre 5 et 2 ans… Le permis de rouler!!
Dure réalité du motard papa. Mais avouez que l’on chérit d’autant plus les moments passés sur la route, avec peut-être un léger remord d’abandon de poste…
Qui passe vite! Gazzzz!!!
Merci pour ce billet, je m’y suis vu. Je ne suis donc pas seul 😉
Amitiés motardes.
Ah comme je me retrouve dans ton article ! Ils nous usent et nous fatiguent, ils chamboulent notre vie et pourtant… On ne peut plus s’en passer et on ne voit plus la vie sans eux! Quand elle me regarde avec sa bouille en disant « Papa, Vroum vroum, ‘oto! » et bah je craque…!
Tu touches au noeud du problème : C’est que nous sommes des « prisonniers volontaires ». Au fond, on préfère être avec eux que sur nos motos ! 🙂
Aaaaah les gamins ! Le truc insidieux qui modifie tes groupes de potes, souvent sans que tu t’en apperçoive… Ceux qui ont des gamins se rapprochent des autres qui ont des gamins pour parler gamins, et s’éloignent de ceux qui n’en ont pas et que ça saoule de parler gamins 😀
Tant que tu parles encore de moto je reste 😛
Mouarf, jsuis pas prête d’échanger un permis de rouler contre un permis de maternité ha ha !
Sois sage, t’as intérêt à avoir ton permis de rouler quand je descendrai dans le coin…
Bisous à toute la famille !
Bah c’est pas tout a fait fait vrai : Rémi n’a pas de gosse et personne ne lui parle. Mais bon, personne ne lui parlait non plus avant ! :-p
T’inquiète, à partir du mois d’août on aura même un permis de te loger dans notre nouvelle et immense maison si tu passes dans le coin 😀
De toute façon vu les conneries que tu racontes ça me vas très bien que tu me parles plus, en plus à chaque fois que tu me parlais c’était pour être désagréable donc je suis bien content que tu aies arrêté de me parler !!! :-p
800 vfr pas 750