Nous y voilà, dans deux jours à peine c’est le grand départ. C’est limite surréaliste comme situation. Il y a pile un an je venais de rincer la Mash Adventure en rentrant de la Cathare signant ainsi l’arrêt de ma très brève « carrière » de pilote-essayeur. J’étais à mille lieux, que dis-je à des années lumières du Moto Tour. Voire du bitume tout court puisque dans la foulée je vendais mon DL 1000 pour me contenter des crampons de mes vieux mono en mode « fuck the world ».
Sauf que fin avril Lolo Cochet me tire de ma tanière ardéchoise. Il avait besoin d’un mec le plus éloigné possible du rallye routier pour le bizuter lors de ses vidéos de recos du Moto Tour. Forcément, poireau ultime avec mes trajectoires catastrophiques et mes bottes crottées, j’avais la « tête de l’emploi » comme on dit. Ce petit stage en immersion dans le rallye, avec les conseils de pilotage personnalisés de Laurent, va être une véritable révolution pour moi : j’ai découvert une façon radicalement nouvelle de faire de la moto.
Dès lors, le rallye routier est devenu une véritable obsession. Obsession que vous avez pu suivre presque au jour le jour ces six derniers mois, allant de l’achat d’un vieux SV à mes premières courses cet été. Et chaque jour qui passe, je suis un peu plus fou de cette discipline aux airs de tournois du temps d’Ivanhoé. Car je trouve qu’il y a de la noblesse chez les rallyemen. Attention, pas de celle que l’on guillotine, c’est un sport de fauchés par excellence. Non, ils abordent cette discipline aussi dure, exigeante et dangereuse avec une telle désinvolture joyeuse que ça relève du panache. Il y a indéniablement quelque chose du Continental Circus sur les paddocks des rallyes.
Et le Moto Tour, c’est à mes yeux le Graal de la discipline. 7 jours de course, t’imagines ? Un véritable défi physique, psychologique et mécanique. Le moment où tu vas vraiment savoir ce que tu as dans le ventre.
A la veille du départ je devrais me réjouir d’y participer mais pour être totalement honnête avec vous, je me sens profondément illégitime sur cette épreuve. C’est grâce à ma caméra et non à mes talents de pilote que je m’y retrouve. Et qui plus est dans de superbes conditions puisque je suis accompagné par des partenaires en or que sont Dafy Moto, SW-Motech et Suomy alors que nombre de mes concurrents 100 fois meilleurs que moi galèrent pour se payer ne serait-ce que leur combarde. Je n’ai pas la sensation d’avoir mérité autant d’attention ni le respect des autres coureurs. Et pourtant, jusqu’à présent, tous les pilotes que j’ai croisé se mettent en quatre pour me conseiller et me dépanner. Ils pourraient me voir en starlette barbue mais me traitent en égal. Quand je vous parlais de noblesse…
J’espère donc pouvoir être à la hauteur du défi et tenir dignement ma place dans le peloton jusqu’à la fin de ce marathon motorisé. Pas pour moi, pas pour les sponsors. Pour eux. Pour ces rallyemen anonymes que j’admire profondément.
Pour calmer ces montées d’angoisse, je prépare tranquillement mes rouleaux papiers de road-book entre deux heures de cours. Couper-scotcher-couper-scotcher. Mon esprit se calme et je pense à mon paternel qui a posé sa semaine de congé pour m’accompagner dans cette aventure avec sa caisse à outil, aux beaux souvenirs que nous en ramènerons. Je pense aussi à tous les copains que je vais retrouver sur là bas, aux rigolades en perspective. J’oublie mes doutes sur ma totale méconnaissance du roulage en circuit en pensant à la magnifique balade de 3000 km que ça va être.
Et surtout, je regarde mon petit SV que l’on vient tout juste de terminer hier avec le montage de durites avia à l’avant. Cette moto, j’en suis fier. C’était presque une épave lorsque je l’ai acheté et c’est de mes propres mains que je l’ai patiemment restauré. C’est avec elle que j’ai appris empiriquement les bases de la mécanique, de galère en galère. Je la connais par cœur tellement de fois je l’ai démonté et remonté. Elle ne sera pas la plus rapide, ni la plus sécurisante, ni même la plus confortable. Mais j’ai confiance en elle. C’est ma moto.
Je suis heureux de prendre le départ du Moto Tour à son guidon. Et c’est finalement tout ce qui compte.
Crédit photo : Jonathan Bayol
Bonne chance humble pirate !!
Au plaisir de lire le récit de cette nouvelle aventure 🙂
Vas y môme , défonce toi , vis ton rêve , régale toi , partage avec ton daron cette expérience inoubliable .
Oublie aucun détails dans tes narrations , nous attendons cela avec gourmandise .
Fais gaffe à toi , prends soin de ton père et à bientôt pour d’autres aventures …
PS ! Amitié à LOLO
Un (vieux) fan des sales gosses
papyyam
te souhaites un bon moto tour! Le plus dur, enfin…, est d’être sur la ligne de départ. Profite, amuse toi.
mes amitiés aux lolos =P