Cette année, je voulais faire un voyage de taille moyenne : 2 semaines, en solo, dans un pays dont je connais la langue et en mode full camping. Je voulais aller « loin » de mon Alsace, histoire de changer de mes habitudes routières. J’avais déjà fais les Alpes deux fois durant l’année (en mai et les BMW Motorrad Days début juillet). J’avais pas envie de rester en France. Du coup, en regardant un peu autour, il restait l’Italie et l’Espagne, mais je ne parle pas les langues. Ouais, mon truc à moi, c’est la langue de Goethe et de Shakespeare. Sinon, plus au nord, y’a aussi la Belgique et le Pays-Bas. Meh… ça me tente pas plus que ça. En regardant plus au nord-ouest encore, y’a l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande. L’Angleterre me tente moyennement, l’Écosse m’aurait bien plus mais c’est vraiment loin. Et du coup, il reste l’Irlande. Pas trop loin, pas trop près, suffisamment dépaysant, je parle la langue et dieu que ça à l’air beau !
Aaaah, l’Irlande. Irlande, pays de la bière, du whisky, de la culture celte, coincé entre mer, montagne et météo aléatoire. Le programme s’annonce chouette !
Début avril, je réserve le ferry (~160€ aller/retour sur la ligne Cherbourg/Rosslare via Irish Ferries) pour le vendredi 12 août et retour le vendredi 27 août. Dans la foulée, je prépare mon itinéraire : 14 jours de route, environ 250km par jour, de camping en camping, en essayant de faire tout le tour de l’île et de visiter les endroits qui ont l’air stylé d’après Google Maps ainsi que quelques références que je connais.
Ça, c’est le plan. Et j’aime quand un plan se déroule sans accroc.
Du coup, je prépare ma meule, un fidèle Kawasaki KLE 500 de 1992, et après une journée et demi de route pour rejoindre Cherbourg (850km de nationale, berk), me voici sur le ferry.
Il est fier mon navire, il est beau mon bateauuuuuuu !
La traversée s’est faîte sans encombre, je l’ai passé en compagnie d’un Italien qui roule en Ducati, d’un breton qui roule en Mobylette et d’un autre Français en 125 avec son chien dans la sacoche de réservoir.
La fine équipe. L’italien, moi, le chien, le 125eux et le Breton en mobylette. Qui regarde pas l’objectif …
On débarque, on s’élance pour sortir du port, puis on fait une groooooooosse trace de freinage dans le premier rond-point qu’on prend. À l’envers. Du coup, pas sur la route, la trace de freinage. La fine équipe du ferry se séparera au bout de quelques dizaines de kilomètres, chacun ayant des destinations différentes.
Je continue donc direction le sud, je passe rapidement Waterford, puis Cork, avant de rejoindre la Wild Atlantic Way à Kinsale. La Wild Atlantic Way, c’est la route côtière qui fait quasiment tout le tour de l’Irlande, coincé entre mer et montagne, parsemée de points de vue magnifiques. Il serait possible de ne préparer aucun itinéraire et de juste suivre cette route : le voyage serait déjà formidable sans aucun doute.
Je passe donc à Mizen Head, point le plus au sud de l’île, puis Sheeps Head, deux péninsules magnifiques.
Quelque part entre Mizen et Sheep Head …
On progresse le lendemain en prenant la route de Priest’s Leap, une espèce de route/chemin, montant sinueusement entre deux vallées, que je ne souhaiterais pas prendre chargé à deux ou par mauvaise météo. Par contre, c’est juste épique à faire, y’a pas un chat (mais beaucoup de moutons…), c’est tortueux et le point de vue en haut vaut le détour.
The clue is in the name
On continue sur le Ring of Beara, magnifique également et on enchaîne sur une partie du Ring of Kerry, une des beautés de l’Irlande et une remontée dans les Highlands de Kerry.
On any sunday
Dans les Highlands de Kerry, c’est la fête du slip de la route paumée, les fractures de rétine qui s’enchaînent et c’est là que j’ai réalisé pourquoi j’aimais tant l’Irlande : c’est sauvage. Dans le bon sens du terme : des dizaines de kilomètres de rien, des moutons comme seuls spectateurs de mon passage, quasiment aucune présence de l’homme. Le genre de moment où ta meule doit pas tomber en panne, entre autre.
Autant les côtes sont très belles mais restent « fréquentées », autant les montagnes sont vraiment désertes et sublimes.
Ballaghisheen Pass
Ballaghbeama Gap. Note : le sticker en haut du tableau de bord sauve des vies.
La suite, descente de Gap of Dunloe (somptueux, j’ai pas de photos mais Google vous fera baver à ma place) la péninsule de Dingle au complet (là, il a juste pas fait beau…), puis on remonte le long des falaises de Kilkee et surtout, les fameuses falaises de Moher !
Quelques kilomètres d’offroad pour atteindre l’autre côté d’une carrière, qui tombe à pic dans la mer
Les falaises de Kilkee
Et ce que j’ai vu des falaises de Moher. F*CK YOU, IRISH WEATHER, F*CK YOU.
On remonte encore la côte, passage très rapide par Galway où un gosse local a failli passer sous mes roues, et on se dirige lentement vers la région du Connemara. Et là, à une intersection, je vois un panneau indiquant la prochaine agglomération … à 26km. Attends, quoi ? 26km sans rien ?
Exactement. Quelque part entre Derroe et Oughterard …
26km de landes, de lacs, de cailloux, de petits lits d’eaux et juste une route qui serpente entre tout ce beau monde. On se croirait sur une autre planète. C’était pas prévu sur mon itinéraire, mais ça valait le détour. Je ferais une autre route du même style aux alentours de Roundstone, plus courte (10km) mais dans le même style. Magique …
Toute la région du Connemara est sompteuse en fait. Que ce soit les terres brûlées au vent, les landes de pierre, les lacs les rivières, les nuages noirs ou le prix du silence, sa réputation ne sort pas de nulle part.
J’ai rencontré 2 motards anglais adorables en plus juste après cette photo. Instant mémorable
Après avoir bouffé presque 300km en une journée dans cette région, il est temps de la quitter et de progresser au nord, et de passer par Achill Island, où je passerai la nuit.
Les deux prochains jours furent bien plus misérables que mon voyage jusque là : je commence par casser mon cache arrière-droit sur un atterrissage d’un petit saut (involontaire) en off-road, les sacoches cavalières ayant décollées et leur poids a suffi à briser du plastique en retombant. Une réparation au scotch armé maintiendra intègre le cache. Puis, il a commencé à faire vraiment moche. Mais moche dans le style bien typique de l’Irlande : 48h de pluie quasiment non-stop. On a vu des étés mieux, mais on a surtout vu pire, m’expliquent des locaux. Ah bon.
On arrive à peu près à la moitié du voyage, au bout du huitième jour. La seconde partie du contenu arrive sous peu, promis !
Je vous laisse découvrir en vidéo une partie de mes aventures, la suite des vidéos étant disponible sur ma chaîne si vous vous ennuyez !