Sortir avec une vieille

Alors bon, tout le monde sait que je roule avec la cb de mon père. Une moto de 1972, que je pensais de 73 depuis presque un an, mais j’avais mal lu la carte grise… (mea culpa). Trop classe le look vintage me direz-vous. Oui… mais ! Laissez-moi vous conter une sortie type avec ma Honda et on pourra reparler du vintage…

Un samedi après le taf, ça me pète, envie de rouler. Mais pas n’importe où, sur LE tracé bien connu des motards du coin : la route de Serres (05), 95 km aller dont 65 de virages bien propres. Ma bécane tient la route depuis quelques temps il est donc l’heure de lui faire passer le cap d’une grosse balade de presque 200 km. Enfilage du cuir intégral, (oui je ne roule qu’en cuir des pieds à la tête, été comme hiver), remplissage du réservoir en SP98 (qui devient rare par chez moi), chargement du sac à dos ( je vous dirais dans un autre article ce que j’emmène pour rouler en vieille sans prise de tête) et c’est parti ! Je passe deux villes et la route commence à être belle, sans aucune voiture. J’ouvre les gaz (comme je peux) et là je commence à entendre un bruit bizarre. Je me penche côté cylindre gauche: rien de spécial, j’ai rien perdu, ça fuit pas et pas de bruit suspect. Je me penche à droite et là y a un bruit, mais genre LE bruit pas du tout normal. Je continue de rouler, je croise des piétons qui se retournent sur mon passage, là je me dis faut que je m’arrête il y a vraiment un problème (ils ne se retournent pas QUE parce que ma moto est belle). Arrêt d’urgence sur le bas-côté (en plein soleil évidement), je descends et là… mon pot d’échappement droit pend lamentablement sur le côté ! Avec les vibrations il est sorti de son tube d’échappement et ne tient que par la patte. Il racle par terre depuis quelques temps et je l’ai bien rayé. Hop ouverture du sac à dos, clés en main je m’attelle à sa remise en place. Gros coups de pieds histoire de l’enfiler dans le manchon et resserrage des boulons. 20 km et je perds un truc, il en reste 170….. ( j’avais même enfilé mon gilet jaune c’est dire tout ce que j’emmène dans mon sac).

Au bout de 50 km petit arrêt cigarette (bouh pas bien) mais c’est surtout histoire de la faire refroidir, la pauvre n’a pas l’habitude. 95km effectués, j’arrive à Serres, petit café en terrasse tout en la surveillant. Et déjà le chemin du retour. Je l’effectue d’une traite histoire de pas arriver de nuit. Je ne vois rien la nuit, pas à cause de mes yeux mais du phare ! Juste à l’entrée du dernier village à traverser, un accident. Les gendarmes et les pompiers sont sur place et la circulation est arrêtée dans les deux sens. Je remonte ma file et arrive devant le gendarme qui me fait signe d’attendre là. Il vient à ma rencontre, j’ouvre ma visière et là, une énorme bouffée d’air remplie d’alcool. Je suis stationnée à côté d’un camion de vendange qui vient de vider ses cuves à la cave coopérative du coin, et le reste coule sous mes roues. Du gros rouge qui tâche. En rigolant je dis au gendarmes : « L’odeur c’est pas moi hein?! Vous êtes témoin ! »
Je coupe le moteur car l’accident venant de se produire ils n’ont pas encore enlevé le tracteur dans le fossé et cela risque d’être long. Une heure plus tard je sens que ça commence à bouger, je redémarre ( au kick) et là le ralenti ne tient pas, elle cale. Grrrr ! Je kicke et rebelote! Punaise il se passe quoi encore !? Je redémarre et maintiens un filet de gaz histoire de ne pas caler surtout que le gendarme me fait signe d’y aller. Et c’est parti ! 25 km avant la maison, dont une petite route très sympa. Je me retrouve coincée derrière une voiture, j’attends une ligne droite pour la doubler, j’ouvre la poignée, RIEN ! Des plop plop, brout brout mais rien, pas d’accélération. C’est une blague ! Retour maison sans accélérer… Quelle plaie ! Le lendemain, direction le garage ! Essais et tests, verdict: cylindre droit qui ne fonctionne pas quand on ouvre trop fort (laissez moi rire). Choix fait de changer les vis platinées…. Une semaine d’attente avant réception de la pièce. Le temps de se morfondre sans moto. Et quand elles arrivent enfin, le changement n’est pas flagrant. De nouveaux des réglages aux soupapes et à l’allumage, et voilà que la panne se volatilise sans vraiment d’explication…

Et la petite découverte en prime : il y a un arc électrique entre le cadre et le haut moteur… Après moults essais et branchements rien n’y fait j’ai toujours cette perte électrique. J’installe donc une tresse histoire de gérer (au moins) sa direction. C’est pas comme si j’avais mon réservoir d’essence juste au dessus…

Des fois je me dis que c’est super dangereux de rouler en vieille. Mais c’est tellement bon…