Dimanche 10 juillet 2016. Cette date restera gravée dans les annales ! Première sortie circuit organisée par Adrien d’All You Need Is Ride (AYNIR). Le concept était bien dingo : l’âge du pilote + l’âge de la moto doit être supérieur à 60 ans. Ce qui annonçait soit des motos à l’âge canonique soit des pilotes à cheveux blancs. Mais ça voulait surtout dire pour moi la possibilité de pouvoir rouler en sécurité et en confiance sur circuit. Parce que se faire doubler à 160 sur un tracé que l’on ne connaît pas c’est super dangereux. Et puis mon Cb n’a ni l’accélération ni le freinage d’une moto récente.
J’ai beaucoup traîné sur les circuits, je connais certains tracés sans y avoir jamais roulé. Je connais l’ambiance et l’organisation qui en découle, quand on roule en moto récente. Mais je ne connais pas la sensation d’y poser ses roues. Mon « baptême » se sera donc sur THE mythique Paul Ricard, au Castellet. Mais on roule sur le driving center. Le grand tracé n’est absolument pas fait pour nos engins, enfin surtout pour la mienne.
Arrivée 21h30, déjà quelques motards présents sous les pins. On décharge les motos du camion et on monte le campement ! Tentes, matelas gonflables, tables, chaises…. Préparation du repas et devant notre logistique au top (40litres d’eau, presque autant d’alcool, 4 glacières, feux au gaz…) les autres « concurrents » viennent nous rejoindre. Chacun dépose ses victuailles sur la table (encore faut-il la trouver là-dessous) et c’est l’apéro. Le temps de discuter avec un peu tout le monde sur site et il est déjà 2h du matin. Faille temporelle je pense….
Dimanche je suis réveillée à 7h du mat par des remorques qui débarquent sur notre terrain. 7h ! On n’a pas idée ! Tout le monde se lève, on a tous des têtes dignes d’un Picasso et on reconnaît de suite les gens qui viennent juste d’arriver : ils sont frais comme des gardons ! Après 3 cafés, je suis à peu près en phase avec mon environnement. Direction le briefing au circuit à 300m de notre camp de base. On y monte à pied, ça détend….
8h30 briefing : explication des drapeaux, mesures de sécurité, comment entrer sur la piste, comment en sortir. Et voilà c’est tout. En même temps je n’attends pas qu’ils me prennent par le guidon et m’y emmène mais quand même j’ai un peu les chocottes. Redescente au camion, enfilage de la dorsale et toussa. Démarrage de la cb : nickel (miracle). Et c’est parti ! Attente sur la ligne de « départ ». Je flippe grave. On nous fait partir un par un et voilà, lâchée dans le grand bain. Devant moi une piste d’atterrissage : 8.5m de largeur, un superbe revêtement, et pas de carrefour, pas de ligne blanche, pas de gamin qui traverse ou de camping-car au ralenti derrière une courbe (je dois avoir une dent contre eux quand même).
Premier tour, j’essaie d’apprendre le tracé, de repérer les trajectoires. Et déjà dans la ligne droite je me fais doubler par des fous furieux. Le bruit et la sensation que t’as quand t’es à 100km/h et qu’une moto à 180 passe tout prêt… Je peux vous dire qu’il faut rester bien accroché. Fin de première session. Les zigotos sont changés de catégorie par les organisateurs. Je gare la moto sur le parking, je descends, je suis en nage ! Les jambes tremblantes mais le sourire aux lèvres je vais me passer la tête sous l’eau « froide ». Là nous sommes convoqués (le groupe des débutants) par 4G pour un débrief. Vidéo du circuit à l’appui, ils nous montrent tous les virages et les trajectoires à prendre. Nous expliquent quand il faut décélérer, accélérer, laisser couler…. Génial je suis remontée au taquet pour y retourner. Et c’est reparti: Je repère les cônes qu’il faut viser, je prends tous les virages comme il faut. Après 2 tours je me sens pousser des ailes, ligne droite fond de 5 (120km/h, pour moi), suivi d’un virage à gauche, je rétrograde 2 vitesses pour le prendre et là j’ai l’arrière qui dandine dans tous les sens. Je laisse faire, je déhanche et je plonge dans le virage. Énorme !!! La suite est du même acabit, mais un peu plus rapide encore. Avant de prendre les virages il ne faut pas oublier de jeter un oeil derrière, histoire de vérifier que personne ne double, c’est pas le moment de coucher la moto. Le tracé est super pour mon moteur, pas de longue ligne droite, pas besoin de faire de freinage de porniche, je ne me sens pas en difficulté. Je tente des « je déhanche histoire de voir si je peux mettre le genou par terre ». Sauf que de ce que je vois j’en suis loin… Mais chaque chose en son temps !
Deuxième session finie, encore plus la banane!! Après 2 clopes histoire de redescendre et 1 litre de flotte fraîche, je me pose un peu pour voir rouler les autres niveaux. C’est sur que c’est plus la même chose ! Genoux par terre, accélération de dingue, freinages tardifs, inter/exter, lutte guidon à guidon. Pfiou, un jour…
Troisième session j’suis chaude comme une baraque à frite ! J’arrive sur la piste, virage à droite suivi d’un super serré à gauche qui remonte, en faisant gaffe au trou dans le bitume là où tout le monde racle, grande courbe à droite où il faut se laisser sortir pour revenir prendre le point de corde, ligne droite à fond, j’en tombe 2, virage à gauche suivi de près par un droit long. Je m’éclate ! Entrée dans un gauche serré puis un loooong droit après un freinage un peu fort et la roue arrière qui louvoie. Petite courbe droite puis épingle à gauche en deuxième et là…. en pleine courbe j’ai un truc qui me remets droite, je penche de nouveau la moto histoire de pas me sortir et troisième, quatrième, ligne droite des stands, et j’enchaîne avec le pif paf super roulant si on vise bien les bandes rouge et blanches sur la gauche et la droite mais sans trop rouler dessus. Et passage de la cinquième avant de repartir pour un tour. Punaise je le connais par cœur !
Sortie de la piste, je me gare et vérifie la moto. Et bien c’est le cale pied gauche qui a touché par terre et qui m’a redressé ! J’ai touché ! J’ai touché mon cale pied sur circuit !! Je vous raconte pas dans quel état d’euphorie je suis depuis dimanche !!
Pause repas autour du barbecue. Je me démoule difficilement de mon cuir. A 14h on reprend le guidon, je démarre la belle et là c’est le drame : Un seul cylindre fonctionne. Même pas envie de chercher à ce moment. Je laisse tout tomber, je troque mon cuir contre mon appareil photo histoire d’immortaliser les copains. Ils ont roulé jusqu’à 17h il me semble, j’ai essayé d’avoir tout le monde en photo. Peu de personne avait déjà roulé sur circuit avec sa moto de tous les jours (dorénavant interdite dans Paris…) C’est vraiment super agréable de tourner avec sa moto, aussi vieille soit-elle, et surtout très valorisant (je trouve) de rouler sur un tracé où d’autres y vont avec anti-wheeling, freins à disque dernier cri, shifter et autres gadgets… Comme on dit: « Sans maîtrise la puissance n’est rien ». Ou encore: « C’est pas la moto qui fait le pilote. »
Bref je pense qu’il faut vraiment que les organisateurs qui louent les circuits pensent à nous. Qu’ils pensent à ceux et celles qui n’ont pas des motos à 3-4 000 euros, qui n’ont pas la combi assortie aux cales pieds et au pot d’échappement, qui connaissent leur moto par cœur et qui aimeraient gouter aux joies de la vitesse en toute sécurité. Franchement, rouler sur circuit devrait même être obligatoire : on comprend mieux le comportement de sa machine sans se mettre en danger. On apprend à prendre les virages, à trajecter. Et puis cela reste le seul endroit où on peut ouvrir sans se faire flasher ! Alors à tout ceux qui n’ont jamais roulé sur circuit et qui pensent que leur moto n’ira jamais : inscrivez-vous à la prochaine édition de la Portnawak Race.
En plus, on chambre mais on ne mord pas!
Eh,comme on dit chez wiki : » vous lisez un article de qualité « ?.idem pour tous tes articles: de l’humour,du vécu et d’excellentes photos.Pourtant ta pratique est loin de la mienne,avec ma Harley,si je fais pas gaffe,c’est tous les jours que je fais toucher les cale pieds !Mais quelle que soit les motivations pour rouler,le plaisir sur ce blog – euh ce webzine- c’est de sentir que ceux qui écrivent sont des passionnés et doués pour le reportage en plus.Bravo,merci et bonne route ✌
Merci pour tous ces compliments! J’essaie de retranscrire au mieux tout mon ressenti à chaque article. Heureuse que cela vous plaise et j’espère vous donner encore l’envie de venir sur le webzine! Avec ma moto j’étais pas dans l’optique de toucher un jour quoi que ce soit… J’étais tellement en confiance que ca cest fait!