Des années que je l’attends, que j’en rêve, que je m’y prépare. Après ces six derniers mois à croiser les doigts, nous y voilà, cette fois c’est la bonne : Ciao Pantin !
Il est 6h du matin. Paris dort encore en ce samedi grisâtre. Au programme, une énième traversée de la France en direction de mon cher Sud natal. Une balade qui n’a rien d’exceptionnel, un trajet que je peux faire les yeux fermés. Sauf que cette fois-ci ce sera la dernière, cette fois-ci, c’est un aller simple.
Il y a 7 ans, je suis arrivé à Paris, à pied (enfin en train hein, mais techniquement parlant j’étais donc à pied). Une des premières choses que j’ai faîte, ça a été de monter à Montmartre. Tout là-haut, le p’tit gars de la cambrousse que j’étais a pu embrasser du regard l’immensité de cette ville. Mais dans quel bordel étais-je aller me fourrer ? Mes trois premières années, perché au sixième étage de ma chambre de bonne de 9m², ça a été la vie de bohème. Celle à laquelle j’aspirais en quittant mon village, pétri des récits d’Hugo, Musset, Stendhal, Balzac et compagnie. Enfin bon, je ne me suis pas seulement touché la nouille en sirotant de l’absinthe. Je n’allais pas saigner à blanc mes parents juste pour me la jouer poète disparu : j’ai donc quitté au plus vite les bancs de la fac pour passer devant le tableau en devenant un rouage indispensable de cette merveilleuse institution qu’est l’Education Nationale. Autrement dit, chuis devenu un simple prof dans le 93 quoi…
Ce samedi matin – presque inconsciemment – mes roues m’ont porté jusqu’au pied du Sacré Cœur. Un espèce de besoin mystique de boucler la boucle. Des regrets de quitter cette ville après sept années de vie ? Nan. Des regrets d’y avoir vécu ? Nan. Je pense qu’il y a un temps pour tout. Du haut de mon promontoire, je peux refaire tout le film de mon époque parisienne, reconnaître chaque rue, chaque bâtiment où un souvenir est accroché. Du quartier latin au lycée de Pantin, tant de chemin(s) parcouru(s) en quelques rues. Mes camarades de la Sorbonne m’attribuant le surnom de Cigalou en raison de mon accent chantant, les troquets aux heures longuement heureuses, le premier rendez-vous avec ma chère et tendre à Bastille il y a 5 ans déjà, notre premier appart, l’angoisse des concours, la première rentrée en tant que prof, mes premiers élèves, mes collègues du collège que j’ai eu tant de mal à quitter la semaine dernière. Et bien sûr, j’associerai toujours à cette ville la création d’un petit blog moto de rien du tout un soir d’octobre… Que de bons souvenirs pour une ville dont je n’ai pourtant rapidement eu qu’un désir : m’en échapper.
Oui, Paris ne va pas manquer : ses bouchons, sa pollution, sa météo, ses parisiens énervés (et énervants), ses autoroutes, ses prix exorbitants. Nous n’étions pas fait pour nous entendre cette ville et moi. Un amour de jeunesse tout au plus, une bluette qui aura duré un semestre à tout péter. J’étouffe dans ces appartements minuscules, je tourne en rond dans ces parcs où l’on va tous courir à la queue-leu-leu comme des moutons, j’abhorre ces transports en commun (merci à ma moto sans laquelle je serai surement devenu dingue). Je viens d’un tout petit village, mais je ne suis pas un ermite pour autant : J’aime vraiment la proximité avec les gens, connaître ses voisins, discuter au café, se dire bonjour. Mais je ne supporte pas la promiscuité parisienne, cette sorte d’indifférence polie entre les personnes collées-serrées dans le métro.
Sans compter que mes passions sont très clairement incompatibles avec Paris : la moto intra-muros y est en voie de disparation sous les coups de boutoirs répétés d’une maire qui n’a décidément de chevaleresque qu’un nom de famille. Et puis le bitume m’ennuie profondément : j’ai besoin de boue et de forêts pour être heureux, que ce soit en bécane ou à VTT. Et enfin, tirer à l’arc dans le salon-salle-à-manger-chambre-à-coucher de notre appart, je vous le déconseille si vous espérer récupérer une caution. En quittant le périph’ pour la dernière fois, je me suis vraiment senti – comme dirait cette grande intellectuelle nordique – : « libéré, délivré,… »
Mais au fil des kilomètres, je me suis surpris à zigzaguer par les petites routes. Pas moyen de garder mon cap plein Sud. Il m’a fallu la journée pour descendre. Ça a été une sorte de « sas ». Le moment où j’ai vraiment réalisé tout ce qui n’allait plus être mon quotidien. Tous ces amis que je n’aurai plus sous la main pour aller boire un verre ou pour les exploiter sordidement dans une de mes vidéos.
Mes balades par le Vexin en direction de la grande métropole d’Herblay vont me manquer car c’était pour y voir Michel d’Ixtem-moto avec qui une relation de « boulot » a depuis bien longtemps laissé place à une amitié. Pendant une pause pipi près de Nevers, je me marre en regardant mon V-Strom tout stické SW-Motech. Je repense à nos après-midi bricolage avec Aurélien, coincés dans son minuscule show-room. Quatre mains gauches et une moitié de caisse à outils ou comment rendre le desserrage du moindre boulon carrément épique…
Heureusement, pour rattraper mes bêtises, je savais que je pouvais toujours compter sur l’équipe de Reuilly Moto, la fameuse Tafiole Team. Trouver un bouclard aux petits oignons sur Paris, ça, ça tient du miracle. Surtout que vu mon niveau en mécanique, t’inquiète qu’ils auraient pu m’allumer. Mais ce n’est pas le trip de la maison. Ça a été pendant ces dernières années un peu mon annexe du mercredi après-midi. Si mes élèves savaient que la plupart de leurs copies avaient été corrigés en écoutant d’une oreille distraite les 30 conneries à la minute qu’Erick débite de derrière son comptoir… Si au moins Zef Enault avait eu un comptoir lui, j’aurais pu plus en profiter. Mais hélas, c’est sur la selle que ce véritable mentor passe ses journées de boulot. Ses précieux conseils comme sa gentillesse à toute épreuve qui n’a d’égale que ses légendaires retards vont terriblement me manquer. Après, l’Ardèche étant une parfaite destination de 48h, je l’attends de pied ferme en ma nouvelle demeure…
Et puis il y a tous ces motards rencontrés au fil des mois avec qui j’ai eu la chance de rouler et souvent de partager bien plus encore. Une sacrée bande de gens biens qui j’espère auront la bonne idée de rouler ensemble ! Il y a bien sûr Vincent – alias Le Motarologue – à qui je laisse le soin de vous narrer en exclusivité les déboires du quotidien de motardus parisianus. Eh oui, mes tracas seront désormais un peu différents : « ralalala, vraiment trop de virages sur cette route », « oh flûte, encore un paysage de dingue », « Les flancs des mes pneus s’usent trop vite ! », « merdouille, je n’ai que 2h ce soir après le taf pour aller faire une petite sortie d’enduro ». Il y a Vilebrequin qui a permis – par sa pédagogie et sa patience – que chacune de mes vidéos soient vaguement regardable. L’excellent Alexis de Braap à la Tiger capricieuse, Cédric et Philippe, compagnons le temps d’un Paris-Dunkerque et forcément « liés » désormais par le truchement de la gamelle boueuse vont me manquer. Il y a bien évidemment la fidèle de la première heure, Marine, qui a un emploi du temps au moins aussi chargé que le mien. Pareil pour Bobo l’estropié qui a bêtement décidé d’habiter de l’autre côté de la terre (enfin, au Vésinet quoi). J’en oublie certainement en écrivant cela et je vous rajouterai dans les prochains jours. J’aurai voulu vous dire au revoir à chacun d’entre vous. Mais le temps m’a fait défaut en cette fin d’année.
Mais on se reverra très vite : l’an prochain j’aurai encore un pied à Paris. Enfin, un autre organe plus exactement mais je vais vous épargner une dose de romantisme sirupeux. Madame n’a pas eu sa mutation et elle reste donc à Paname une année encore. Il va sans dire que je risque donc de retourner plus que régulièrement dans la grande fourmilière…
Et puis inversement, amis parigots, sachez qu’à Aubenas, vous trouverez toujours un toit et un couvert pour un motard ou une motarde (mais là il faudra l’autorisation de qui vous savez) égaré(e). Ce n’est pas une proposition en l’air et j’espère que vous en userez et en abuserez.
Le terrain de jeu change. La passion reste.
L’heureux homme que voilà! Bon retour dans ta province natale, j’espère juste qu’entre une sortie sur les chemins boueux et le nettoyage de la bécane tu trouveras encore le temps de nous régaler de tes articles et de tes bons mots!
Hibou.
Bienvenue dans ton nouvel horizon.
Evidement qu’on ne va pas te lâcher comme ça.
J’espère que tu as internet dans ton nouvel Eden, il ne faudrait pas que ta plume se ramollisse. (!)
Que le waibe rapproche les peuples.
Bises à toi.
Philippe
Ton accent chantant va nous manquer mon poulet !
En revanche j’ai pris bonne note de ta nouvelle destination et si par le plus grand des hasards la nostalgie se fait sentir, un coup de calva te remettra les idées en place (et dégraissera ta chaine après tes sorties boueuses ?)
Lecteur sudiste que je suis je suis content de te voir descendre dans de sud 🙂 Tu ne sera plus qu’a une traversée des cévennes et de la montage noire de toulouse et proche des pyrénées ! Terrain de jeu trop génial :p
Le truc bien quand on a pas le temps de se dire au revoir, c’est que ça donne une excuse pour se revoir vite. Alors à la limite ce qu’on va faire, c’est qu’on va jamais le dire…
Attention, l’invitation à Aubenas est prise très au sérieux 😉
J’ai failli en chialer dit donc !
Beau départ et bon départ dans cette nouvelle « vie »
J’espère en effet te croiser maintenant qu’on est voisin 😉
bonsoir cigalou,
on ne se connait pas on a juste eu le temps de se croiser le temps d’un casse croute et d’une rustine echangée dans la cour d’une ferme sur le paris dunkerque,
Mais je te souhaite beaucoups de bonheur dans ta petite province bien loin de se bordel qu’est devenu Paris et de son maire bargeot….
salut a toi mon gars on se croisera peut être un jour qui sait..
bien le bonjour des Ardennes belge
L’avantage des campagnes sur les villes, c’est que si la proportion de couillons sur les routes est la même, c’est, a fortiori, beaucoup plus dilué. On croise forcément moins de pétasses fausses blondes en Fiat 500 qui envoient des textos en roulant, par kilomètre parcouru.
Entendons bien que je n’ai rien contre les pétasses, ni contre les fausses blondes, encore moins contre les Fiat 500, et, les textos m’indiffèrent. C’est juste la combinaison des quatre qui me rend fou quand je suis à moto. Il n’est pas certain, néanmoins, que vous en croisiez sur vos routes, tant j’ai l’impression que pour en croiser autant, les pétasses fausses blondes en Fiat 500 qui envoient des textos en roulant doivent toutes habiter ma ville. Me demande même parfois si elles ne me visent pas. Parano, dis-tu ? Peut être, mais ce n’est pas parce qu’on est parano qu’on n’a pas d’ennemis. Bref, en l’occurrence, pour revenir au propos de départ, tu devrais échapper dorénavant avec une certitude accrue à ces malfaisantes. Y a plus qu’à éviter les culs de tracteurs masqués par les dos d’âne.
Je vous laisse mettre vous-même un s à tracteur, je ne vois pas pourquoi je serais le seul à bosser ce matin. Merci.
C’est fait aimant à fausses blondes en Fiat 500 😉
Bon retour à la maison!
Décidément l’universalité (non, pas là où qu’on fait des études!) s’invite régulièrement dans tes billets. Souvenir d’un ultime trajet vers le sud avec 30 kilos de bagage sanglés sur la selle passager…
Quant aux diverses combinaisons routières dont la principales caractéristique est de faire chauffer les casques, elles passent curieusement mieux dès lors que le périph’ n’est pas à portée de plein.
Heureuse « nouvelle » vie!
Merci Cigalou pour le clin d’oeil 🙂 Je continuerai bien sûr à suivre VDM (enfin si tu n’augmentes pas encore le rythme des publications :P) !
Au final on ne se sera pas tant vus que ça en habitant à côté mais commence déjà à préparer quelques roadbooks, je descends début septembre !
V et bonne route dans la sud l’ami !
Cool pour septembre ! Il y a des chances que l’on se voit plus à 800 km qu’à 8km de distance… 🙂
Pour le rythme des publications je le limite en trois par semaine et c’est déjà beaucoup oui ! 🙂 Mais c’est la faute à tous ces acharnés de la plume de la VDM Compagny : j’aurai de quoi poster tous les jours !
J’ai un peu eu la même nostalgie il y a quelques mois … 8 ans qu’on était à paris ( et pas 7 :p ) ! je sais pas dire si cela vas me manquer ( *jette un regard par la fenêtre sur le châteaux de porte* … pas si sur )
C’est la vie … des pages se tournent et des histoires continues à s’écrire !
la bises voisins ! (75 km génolhac aubenas :p )
8 ans ?! Putain mec, je refoule, je refoule. 🙂 Je suis passé devant ton chalet pas plus tard qu’avant-hier, c’est là que tu crèches du coup ?
Je n’arrive pas à suivre tous les articles parus sur VDM, mais les tiens, quand je les commence je les dévore (j’ai déjà dû te le dire, j’adore ton style d’écriture). Et cela a encore été le cas avec celui-là, qui n’est pas un article de plus, mais bien une page qui se tourne dans ta vie.
Je suis très heureux pour toi que tu retournes dans ta région natale que tu as l’air de tellement aimer (comment pourrais-je dire du contraire de mon pays, bien que j’adore découvrir la France :-p)
Je te ferai signe si je descends un jour par chez toi, d’autant plus si le viking est dans le coin !
J’ai du monde à aller voir par là, peut-être après l’été, peut-être l’année prochaine, on verra bien 🙂
Et donc Mr VDM tu opères sur ROQUA ou l’IMMAC? 🙂
Non sérieusement, tes vidéos me font du bien, ma femme aime également, et notre rencontre fortuite au lac du Boucher en compagnie de Rhino par le plus grand des hasard à éveillé ma curiosité sur des parutions autres que tes vidéos, j’avoue apprécier le coté décalé de tes articles, moi qui regarde beaucoup de vidéos mais lis moins sur le net, je me surprend à te lire de plus en plus.
Merci pour ce que tu fais, on se croisera peut être lors de notre venue sur Aubenas, enfin, un peu plus haut, chez ma belle mère chez qui nous allons très régulièrement depuis notre Lozère.
Motardement. 🙂