Avant, quand à chaque vacances je faisais ma grande traversée Paris-Avignon, c’était d’un trait, sur autoroute, à plat ventre sur l’énorme réservoir de mon GSX-F. Mais ça, c’était avant. Maintenant, j’ai un V-Strom. Une moto de baroudeur plus que de fonceur. Alors j’ai décidé de barouder. Pas d’autoroute, des détours et des arrêts à volonté. Quand tu traverses un pays étranger, tu ne le fais pas à toc, non ? Ben c’est dans cet état d’esprit que je traverserai désormais la France, ne repassant jamais deux fois sur la même route. L’aventure ce n’est pas forcément partir dans des contrées exotiques, c’est avant tout poser un regard neuf et curieux sur ce (et ceux) qui t’entoure(nt).
En sortant à Milly-la-Forêt de la portion d’A6 nécessaire pour quitter Paris, je fus très agréablement surpris par de beaux paysages forestiers, bien loin des champs à perte de vue auxquels je m’attendais (mais qui arriveront forcément un peu plus tard, en région Centre). Je suis passé par Bourges, pour visiter cette ville passionnante (enfin, pour un prof d’histoire), et surtout parce que mon frangin y habite. Il m’a hébergé dans leur colloc’ improbable de quatre copains. Quatre fêtards notoires. Quatre motards en roadsters qui en jettent. Et accessoirement quatre officiers de l’armée française. Mais ça, ça ne se voit pas : le casque ça cache autant les galons que la banane. Le réveil fut matinal – lever de couleurs oblige – et je suis reparti en direction du Puy-en-Velay par les départementales. C’est assez moche et rectiligne jusqu’à Thiers où on attaque la zigzagante D906. Là c’est cool. Puis à partir de Polignac, mes parents ayant une étable en Haute-Loire (non, pas pour y mettre leur grosse vache de 1200 RT, mauvaise langue), je rentrais en Terra Cognita. J’en ai donc profité pour faire quelques kilomètres de piste – ce genre de raccourci qui rallonge – histoire de casser la monotonie de la N88.
Ce trajet, je l’avais déjà fait dix fois du doigt sur ma carte. Donc autant te dire que le matin du départ, j’étais tellement excité qu’à partir de 4h j’avais les yeux grands ouverts dans le lit et un immense sourire en forme de banane. Et vu que je ne pouvais pas bouger au risque de réveiller ma gonzesse, je me suis mis à réfléchir : c’est quand même fou qu’une passion puisse autant foutre la banane. Dommage que ça ne puisse pas se voir avec la mentonnière de l’intégral. Il la faudrait devant en fait la « banane à moto ». Tiens c’est rigolo à dire : la bananamoto. Oh, mais ça me donne une idée ! A partir de là, aucune chance de me rendormir. Par contre à 7h j’étais au marché en bas de l’immeuble en train d’acheter une belle banane en forme de sourire. The #bananamoto project était né.
Le concept c’est qu’à chaque arrêt casse-croûte, pipi, photo, étirement ou encore essence (mais pas souvent, ma moto est un vrai dromadaire), je prends le temps d’enlever mon casque et d’emmer… pardon, de parler aux gens à côté de moi : d’où ils viennent, où ils vont. Les motards avaient forcément la banane, les uns rentrant en Savoie, les autres venant de Suisse. Aux caisseux, je me suis évertué à expliquer que sous notre air méchant et nos cuirs, on est en fait des gentils. Bref, qu’on est pas des robots mais des vrais gens comme eux, et le plus souvent très sympas (enfin, il y a des cons de partout quand même, on ne va pas se mentir). Et tous posaient s’ils le souhaitaient avec ma fameuse banane-motarde en forme de sourire. Et tu sais quoi ? Mis à part un couple de petits vieux vers Orange que j’ai perdu à partir du mot « blog », tout le monde s’est prêté joyeusement au jeu. Et on s’est bien marré. Oui, je sais, quand tu m’imagines sur le bord de la route, tu te dis que les gens ont surtout eu pitié de cet espèce de taré. Et c’est déjà bien, quand j’y pense, je me dis que j’aurais aussi pu passer pour un gros pervers avec ma banane à la main…
Du coup, en plus des paysages à couper le souffle, cette balade aura été assez exceptionnelle sur le plan humain. Derrière chaque photo de banane se cache un vrai sourire et une belle rencontre. Que ce soit le temps d’un plein d’essence comme avec Jean-Michel et Isabelle, ou d’un McDo avec Steven et Clément (parce qu’à 16h, le dimanche, y’a pas beaucoup de gastos ouverts). Parfois, ce furent seulement quelques mots échangés. D’autres fois, une discussion fleuve, comme avec l’équipe de Bonneton2roues à Aubenas chez qui je m’étais arrêté 5min pour me dégourdir les jambes tout en me rinçant l’œil devant leur Ténéré, et qui m’ont chaleureusement offert le café… pendant presque 2h. Alors oui, j’ai mis à peu près trois fois plus de temps que pour faire Paris-Avignon par l’autoroute. Mais pourquoi gagner du temps quand on a la possibilité d’en perdre ?
Et tu sais ce qui me fout la banane ? C’est que la semaine prochaine, ben faut que je remonte sur Paris…
Coucou Cigalou ! Aaaah on reconnaît bien une fois de plus tes qualités de prof 😉
Le nombre de jours de congés d’abord, parce que quand moi je fais Paris-Clermont-Bordeaux-Paris ça doit tenir en un week-end et je ne peux pas m’amuser autant ^^
Et la tchatche ! Arriver à soutirer des photos avec banane de tous ces gens, chapeau bas ! Tu participes allègrement à démystifier le motard bruyant et désagréable que trop de gens ont encore en tête…
Mais dis-moi, l’hiver dernier tu n’avais pas acheté une paire de sacoches cavalières dont tu devais nous faire un retour d’expérience ? Déjà abandonnées ? 😛
Ben j’allais investir quand on m’a offert un top case de beheme, impossible de refuser! Adieu le look racé… 😉 Mais j’ai toujours des sacoches en projet, surtout pour cet été quand on sera en duo (moi un slip me suffit, mais ma copine…)
Ok ! C’est beau de râler mais tu apprécierais sûrement moyennement que ta copine passe ses vacances vêtue uniquement d’un de tes slips… avoue 😉
Bonjour Cigalou,
Ma soeur et moi avons très apprécié ton périple et récit ! Nous avons fait un beau voyage ! l’idée de la « bananamoto » est excellente , du coup nous partons acheter des bananes ! Bonne journée au plaisir de te relire !
Un autre motard ( Zoom 33 ) et Zoomette 95
Merci beaucoup les Zoom brother’s. J’attends vos photos avec impatience ! 🙂
Hello Cigalou !
Nous avons mangé les bananes , mais promis , dès l’occasion je te joins les photos ! Pour revenir à ton périple , je partage ta philosophie touristique ! Il y a encore peu de temps je demeurais en Seine et Marne , non loin de Nemours ! Quant à la commune de Milly la forêt + Forêt de Fontainebleau cet endroit est magique ! Si un jour tu as le temps , je ne peux que te recommander un arrêt ( forêt )
Bonne route avec ta monture !
Zoom 33
Il est temps que tu rentres, la banane était très mûre sur la fin…
Philippe
C’est marrant, on voit dans tes derniers articles que tu te sens de plus en plus à l’aise dans tes bottes de blogueur. C’était déjà bien dès le début, et là c’est de mieux en mieux!
Continue comme ça!
J’aime beaucoup ce projet!
Ca me rapelle l’histoire d’un nain de jardin… Un couple de potes motards qui avaient déménagé à Millau nous invitaient pour leur pendaison de crémaillère. Notre tradition chez nous (enfin c’est celle que mon Mari et moi avons décrété!) c’est d’offrir un nain de jardin, encore plus drole quand les hôtes n’ont pas de jardin! On en a trouvé un assis sur un escargot qui a été customisé. Et puis comme tous les potes ne pouvaient faire le déplacement, on a eu l’idée de prendre le nain en photo lové chaleureusement dans les bras des absents. Un pote a décidé de parcourir les centaines de kilomètres pour aller prendre le clicher manquant des parents, ça a donné lieu a un diaporama de l’épopée du nain, de ses rencontres fortuites et anonymes, de sa réparation sur le bord de la route parce qu’il faut le savoir les routes Pyrénéennes ne sont pas douce pour un pauvre nain plus ou moins calé dans un top case… bref j’aime ta bananàmoto!