J’ai 26 ans. Mon motard de père et ses potes n’ont cessé de me rabâcher leurs heures de gloire des années 80-90, âge d’or sans radar et aux moteurs à carbu. Pour nombre de ces vieux briscards la jeunesse d’aujourd’hui aurait perdu le plus important : « l’esprit motard ». Mais si, tu sais bien, ce paradoxe de « solidarité individualiste » qui fait du motard quelque chose de bien plus qu’un simple usager de la route. Aujourd’hui, on ne serait plus que des consommateurs, des mecs (et des filles) qui ne roulent pas. Des chiffes molles craignant de fondre sous la pluie et qui s’ignorent quand ils se croisent au guidon de leurs roadsters en plastoc. 

Mais le nez dans le rétroviseur ils ne voient pas (et je déplore que la presse moto, en général, ne la montre pas assez) cette jeunesse motarde bouillonnante, aussi passionnée que fauchée, roulant faute de moyens sur des vieux tromblons alors que leurs pères sont passés à l’ABS et aux selles chauffantes depuis longtemps. Coincés entre un univers motard de plus en plus dédié aux quinquas qui ont les moyens de se payer une meule à 20 000€ et les bouffons en tongs de leur âge qui n’ont de motard que leur papier rose, il existe une nouvelle génération de « vrais », ayant comme leurs aïeuls adopté la moto pour ce qu’elle est : un style de vie.

Je vais donc essayer de raconter un peu la vie du motard lambda que je suis en essayant de ne pas vous endormir : mes trajets quotidiens, la météo pourrie, les comportements dangereux, les soucis sur ma bécane vieillissante. Mais aussi les weekends, les arsouilles avec les potes, les slaloms entre les radars, les concentr’, et même mes escapades en tout terrain. Bref, une vie de motard sans autre prétention qu’être heureux au guidon. Une vie comme nous sommes encore des milliers – je veux le croire – à la vivre. Je m’attacherai alors dès que possible à sortir de mon onanisme nombriliste pour dresser les portraits de potes et d’autres motards anonymes rencontrés au cours de mes pérégrinations.

Je suis un passionné – certainement un peu trop idéaliste – qui veut croire que notre grande famille motarde résistera à la commercialisation de nos sociétés au détriment de l’humain. Mes modestes chroniques ne seront certainement lus que par trois pelés et un tondu mais qu’importe. Si elles permettaient de faire entendre nos voix de petits motards et redonner un peu d’espoir aux anciens qui se voient déjà de la « race des derniers » ce serait pour moi la plus belle des réussites.

 

6 Commentaires

  1. Guerard :

    bonjour
    cet esprit je l ai toujours a 55 balais et plus d un million de kms,je roule kawa 1100 de 98,mes enfants roulent en street 675 r et 125 gas gas trial,mme a roulé 650klxr super mot(et autres)le beau-pere en scraver 650 a 78 piges,mes 3 soeurs roulent(ou roulait)mes beaufs itou,mes parents aussi(puch/vespa et autre rene gillet),bref normand exilé en dordogne,ce n est pas la meme vision,meme si j y ai fait de belles rencontres
    j avais une casse-moto la-ht,,,,,,,ca c est perdu avec l arrivee des nouvelles breles
    a suivre
    alain

  2. Guillermont François :

    alors là t’as tout résumé en peu de temps et t’as tout compris de la vie . j’ai 55 balais bientot et déjà quand j’étais jeune j’entendais les meme conneries .je fais partie d’un club de moto anciennes et on organise chaque 3e dimanche de chaque mois un marché de la moto ( qui marche fort) et je peux te dire qu’on voit de plus en plus de jeunes qui s’intéressent à la restauration de vieilles bécanes et ça nous fait plaisir parce qu’on fait tout pour aider les jeunes à prendre la relève. on fait des sorties d’anciennes sécurisées par des jeunes en sportives et on a la meme passion : LA MOTO…. alors ne t ‘inquiètes pas qu’ils soit jeunes ou vieux , il y a des cons partout , mais là je peux rien faire pour toi…..! V motard .

  3. Salut Cigalou,
    Très intéressant ton blog, avec un point de vue sur la moto différent et assez peu représenté. (et qui est proche du miens )

    Aujourd’hui, l’âge moyen du motard est de plus de 50ans contre 33ans en 1993.
    A côté de ça, le motard Français fait en moyenne (bien) en dessous des 5000km par an en moyenne.
    Pour le côté business et les médias, il ne fait aucun doute que les 2 sont très étroitement liés.
    Dans la presse, on entend de + en + parler des gens qui roulent en anciennes des 70’s 80’s (surtout avec l’ampleur qu’a pris le phénomène hypster-bobo-vintage) mais on n’entend pas beaucoup parler des motards du quotidien.
    Ou sont passé les 600 transalp, 1200 bandit, gs650 mono que l’on voit sur les routes ?
    Alors apparemment la presse papier est en crise ? Ce n’est pas de leur faute, ils cherchent à survivre! Difficile à croire quand je vois la multiplication des magazines en kiosque ces dernières années…
    Alors apparemment les ventes de motos sont figées depuis la crise.
    Il n’y a qu’à regarder les ventes chez Harley, Bmw, Ducati avec des bécanes a 15-20 000€ et des show-rooms qui ressemblent plus à une concession Mercedes, ou à une boutique Ralph Lauren…la clientèle visée serait-elle-la même?!
    Ktm à même réussit à sortir une bécane low-cost façon Dacia : la 1050 adventure : 12990€ hors options !

    Comme dans le reste de la société, le décalage entre ceux qui ont les moyens et ceux qui ne les ont pas (la majorité) est de plus en plus grand.
    C’est donc très étrange que la voix des motards du quotidien soit aussi peu présente.
    Heureusement qu’il reste internet.

    Pour finir, un petit mot aux motards donneur de leçon et autres qui ont tout vu, tout fait:
    Ils nous expliquent souvent que c’était mieux avant, ce que je vois surtout, c’est la façon dont ils ont changé et le monde de la moto avec…
    Ce que j’aimerais, c’est qu’ils partagent plus leur passion et la transmette à la nouvelle génération.
    Une bonne part de notre passion pour la moto, on la doit aux rencontres avec des passionnés,
    Qui nous ont parlé avec les yeux qui brillait, mis à l’arrière de leur bolide, dépanné perdu dans la pampa…
    Alors avant de venir pleurer sur la tombe du motard inconnu, ça serait peut-être bien qu’ils transmettent leur passion avant que la famille de la moto ne soient divisé qu’en petits groupes qui ne se côtoient plus (scooters, pistards, 125, crosseux, roule-toujours…)
    V à tous les passionnés

  4. Bonjour Cigalou,

    Je découvre tout juste ton blog et déjà après ce premier billet, j’ai envie de te dire bonjour et te faire un V de la main gauche!
    Je pense que ton blog va me plaire, et en tant que « jeune » motard – ok, je viens de faire 30 ans, mais ça reste jeune bordel! comparé à tous ces viocs de 50+ qui roulent en béhème (je vais y revenir, humour inside 🙂 ) – qui fait environ 25.000km / an, je te confirme que « l’esprit motard » n’est pas mort et peut être représenté par autre chose que nos chers hypsters-bobos-parigos de Biarritz. Ils ont le mérite d’attirer la presse et de faire parler du monde motard, c’est déjà ça.

    Père motard (T-Bird sport -> Harley XR -> BMW R1200R), mère motarde (500EN -> 650 Eliminatorrrrr), femme motarde (Bandit -> Gladius -> en cours…), moultes potes motards de tous âges, je suis fils unique et pourtant j’ai le sentiment de faire partie de la plus grande famille du monde.
    Je roule en vieille 1100 Zephyr la semaine, en cours de retape / transfo en « truc » (= café racer avec guidon droit et selle plate…), en BMW 1200 GS le reste du temps (mon père m’a fait faire des études, il avait pas tort le vieux…), plus « pratique » et surtout agréable pour les voyages longues distances et hors des sentiers battus (= hors des routes goudronnées).

    Au plaisir de lire tes articles, et n’hésite pas à faire signe si tu passes dans le Sud Ouest.

    La biz de Toulouse

    • Merci Seb-qui-à-la-bécanne-de-mes-reves (moi aussi j’ai fait des études, mais sûrement moins rentables :-p) ! Il y a de fortes chances que l’on puisse trinquer ensemble dans les prochains mois. Mon petit frère (motard, of course) vient d’emménager à Toulouse. Et je peux pas rester trop longtemps sans le voir… 😉

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